Première Tournée [PV Zezelj-chou]

Trop généreux ? Peut être. Je ne pense pas l’être. Je suis juste débile de refuser ce genre d’occasion. Un meurtre ne pourra que m’endurcir. Moi, incapable de tuer un rat, tuer une demoiselle ? Je rêve. L’envie de tuer n’existe pas chez moi. L’envie de vengeance et la haine, oui. Mais ça, c’est autre chose. Elle reprends sa lame, la range, puis m’enlace. Je ne m’y attendais pas, je ne sais que dire, quoi faire ! Qu’est ce qu’il lui prends ? Je sens qu’elle pleure, mais en dis rien, n’osant même pas passer mes bras autour de ses épaules, les laissant à demi levé, le regard hagard et la bouche entrouverte.

Impardonnable. Peut être que oui, peut être que non. Tout est pardonnable, il suffit d’être fortement laxiste. Ce que je suis. Toutefois je souffre intérieurement, j’aurais très bien pu me retrouver à la place de mes cousins. Je me retiens de pleurer moi aussi, le visage crispé et fatigué, prenant ainsi dix ans d’âge. Elle s’écarte de moi, aussi vite qu’elle s’était approchée, essuyant ses larmes que je n’ai pas le temps de voir. Elle me tend une main. Je ne la saisis pas tout de suite, encore égaré dans mes souvenirs que je partageai avec mes feu cousins. Une végétarienne. Bah ça alors. Moi qui ne me nourris que de poisson et de viande, ayant tout petit répugner légumes et fruits. Elle sourit, je souris à mon tour, prends sa main et l’attire vers moi, avec la violence que l’on m’a toujours reprochée. Je suis rarement doux, mais elle me le pardonnera, elle aussi n’est pas douce. Je l’emprisonne de mes bras, l’empêchant de fuir si l’idée lui avait traversé la tête. J’aime le contact physique et use de tous les stratagèmes pour nouer un contact de ce genre. Ma tête se penche au dessus de la sienne, et je me mets à parler doucement.

« Pas besoin de me remercier pour ma tolérance, je suis juste un couard qui ne peut se résigner à laisser aller sa folie. »

Des mots durs envers moi, qui me pèsent lourd. Si je suis sympa avec le monde entier, je ne le suis pas avec moi. Si je l’ai prise contre moi, c’est pour la rassurer, mais aussi me rassurer moi. Quand on pleure à deux, c’est toujours plus soulageant…

Je suis surprise par le fait qu'il m'attrape et ne mets pas ma tête sur le côté ce qui fait nous échangeons un léger baiser même si je recule rapidement.

[color=cyan]-Excuse-moi ce n'était pas voulu.[color]

Je lui souris et ris de bon coeur. Je me reprends et le regarde avec douceur en carressant son visage.

-Tu sais il est bien plus courageux de laisser vivre que de tuer. Je t'admire Stjepan.

Je suis contente qu'il soit ainsi.

On a échangé un baiser, l’information ne monte que seulement maintenant au cerveau, alors qu’elle s’excuse. Pitoyable ? Non, charmant. J’ai envie de glousser. Toutefois elle ne me laisse pas le temps de m’étendre la dessus, la voilà qui ris et me caresse le visage. Je regarde à côté, de peur que quelqu’un nous surprenne. J’aime les rencontres rapides, dis donc. Je ne fais que ça en ce moment. Courageux, moi ? Vlouf, je suis changé en tomate par la gêne qui m’envahit. Je me trémousse, un instant fait glisser mes mains le long de son dos, me reprends, faisant comme si de rien n’était, en remettant mes mains sur le haut de son dos. Je me défait de l’étreinte que j’avais nouée, et bafouille quelques mots.

« Weuh… Chacun son point de vue du courage hein ! »

Une mais passe dans mes cheveux, l’autre desserre ma cravate et ouvre les quatre premiers boutons de ma chemise, vieille habitude de quand la chaleur monte. Elle m’admire. Ben tiens. J’ai quoi d’admirable ?

« Je suis gêné. »

C’est dit clairement, puis je reste là, planté comme un piquet, ne sachant que faire. Je prie pour que quelqu’un nous interrompe, sinon ça va partir en cacahuète…

Je le sens caresser mon dos j'en ronronne quand il décide à mon grand regret de remonter ses mains. Il me plait bien... Mais je sais que je ne le draguerai pas moi-même car je n'en ai pas le droit. Je ne peux me permettre de draguer une victime.

"Weuh...Chacun son point de vue du courage hein !"

Je souris en le voyant se mettre plus à l'aise. Avait-il chaud ? Tiens donc voilà qu'il m'annonce qu'il est gêné ! Je souris et l'embrasse cette fois volontairement mais tout aussi rapidement.

-Tu n'as pas être gêné ! Je ne suis pas là pour te juger ! ^^

Je ris de le sentir ainsi. D'ailleurs je ris tant que je me tords en deux d'un coup avec un cri de douleur. Mince mon tatouage au ventre ! Je l'avais oublié ! Je regarde le sang se répandre sur ma chemise blanche. Mince. Je devais faire gaffe !

Cette fois elle m’embrasse volontairement. C’est limite si de la fumée ne s’échappe pas de mes oreilles… Elle parle alors que moi suis incapable de prononcer trois mots tant je suis crispé… Elle rit et tout à coup se stoppe, se plie en deux, regarde son ventre. Mon regard va vers là ou elle regarde, cherchant ce qui la gêne, et je vois… Du rouge. De la peinture, une tache quelconque ? Non. Mes yeux roulent dans les orbites, je la lâche, ma vue se trouble, mes gestes deviennent imprécis. Je cherche quelque chose à quoi me rattraper, chassant l’image de la tâche sur sa chemise blanche, sans arriver toutefois à en décrocher. Je m’accroche à une de ses épaules, seul point d’appui que j’ai trouvé, me plie en deux, finit par m’accroupir au sol et me mettre à quatre pattes par terre. Mon estomac se noue, pourtant je ne vomirais pas. J’arrive encore à parler, à savoir ce qui se passe autour de moi. C’est juste le fait de voir du sang sans que je m’y sois préparé qui me fait faillir. Mon front est couvert de sueur, je le sens quand je passe ma main dessus, m’asseyant cette fois contre le mur.

« Ex… excuse moi… »

Pathétique. Quelques gouttes de sang et je m’affale. Si ça avait été autre chose pourtant, je ne me serais pas écroulé. C’est juste le fait que ce soit du sang qui me dégoûte. Erk erk erk. Je tente de retrouver mes esprits, lentement ils reviennent, comme toujours.

Je me mets contre le mur et fouille mon sac. Surtout reste lucide Maria ! Je me soigne doucement et fais disparaître les taches de sang. Je lui murmure avec difficulté.

-Stjepan ce n'est rien. Je m'excuse j'ai oublié mon tatouage. Je fais avoir besoin de toi. Presse la compresse sur mon fentre pour stopper le sang. Je te demande ton aide. Prends courage !

Je me retiens car j'ai vécu pire. Je dois pas hurler, rester calme pour que Stjepan prenne courage.

Finalement elle aussi se met contre le mur, farfouille dans son sac et me demande une chose qui me fait suffoquer… Prendre courage ? je la regarde, terrorisé, et secoue la tête violemment, pour signaler que je ne veux pas… je me plaque contre le mur, elle devant moi, cherchant à m’enfuir.

« Veux pas… veux paaas… »

Limite si je ne pleure pas. Mais si mes mots disent quelque chose, je fais le contraire. Elle ne peut pas le faire toute seule ? Je saisis la compresse, regarde où je dois la placer et la met, à même sa peau. Je frissonne, laisse échapper un cri digne d’une souris et presse la compresse qui se tache de rouge. Mon regard se relève vers le plafond, le visage crispé. Du sang, du sang… J’ai envie de vomir, je suis terrorisé. Que ça se finisse vite. Finalement je craque avant, une larme coule. Toute seule, mais lourde. Je passe ma main libre dans mes cheveux, je relâche légèrement la compresse, ayant une poussée de dégoût. Tout ça pour un tatouage… Je ferme les yeux, pour parer l’envie de regarder ce que je tiens entre mes doigts. Puis machinalement je répète la même phrase.

« Veux pas. »

Je l’aide pourtant, galant et prêt à rendre service, même si cela me chamboule… Demandez moi de me plier en quatre pour rentrer dans un frigo. Si vous êtes gentil avec moi, je le fais. Demandez moi de faire face à ma peur, je le fais car vous êtes gentils…

Je bande rapidement la plaie pour ne faire subir plus à Stjepan. Je fini rapidement. Bon c'est pas du luxe mais je ferai mieux ce soir.

-C'est bien Stjepan. Tiens le coup c'est fini.

Je retire sa main, fini le bandage et le serre contre moi. Seigneur il est en sueur ! Je lui ai demandé de faire face à sa peur. Je le serre de toutes mes forces et caresse ses cheveux pour le rassurer.

-Ca va Stjepan. Ca va...C'est fini...

Je lui souris et embrasse son front. Heureusement que nous étions dans un couloir vide. Je ferme ma veste pour qu'il ne voit pas ma chemise en sang. Je souris et l'embrasse.

-Je te remercie. Tu sais quoi tu seras le premier à voir ce tatouage !

Elle bande la plaie, elle prononce mon prénom, mais je ne réagis déjà plus. Je suis parti dans un délire complètement décalé, posé sur le mot « sang » et « tatouage ». Il est pas mal grand, son tatouage. J’imagine la chair qui saigne, coulant sur l’encre noire d’un motif que je ne connais pas, et que je n’oserai regarder, même si elle me le propose. Ma main se fait saisir par la sienne, et la voilà qui s’écarte de la plaie. Je la mets contre moi, comme si elle avait été blessée. Ma chemise me colle dans le dos, je suis en sueur, et laisse ma tête se caler sur la poitrine de Maria alors qu’elle me sers dans ses bras, m’ébouriffant affectueusement les cheveux, comme si j’étais un chat qu’elle caressait. A l’abri des regards, je laisse couler mes larmes, profitant de l’intimité que m’offre ses bras.

« Veux p… paaaas… »

C’est fini ? Pour elle, pas pour moi. Je suffoque, me replie sur moi-même, même quand elle embrasse son front, quand elle me sourit. Elle ferme sa veste, la tache écarlate disparaît de mon champ de vision, mais je sais qu’elle est toujours là. Je relève les yeux, vois son sourire, alors que moi je suis en larme. Ses lèvres s’approche des miennes. J’avais le temps de les éviter, mais je ne le fais pas. Je me laisse faire, entrouvre la bouche, lui facilite la tâche, ne fera pas le moindre geste. Je m’offre, comme toujours. Toutefois je continue de pleurer comme une fille. Je ne peux me relever, je suis scotché au sol, du fait de la faiblesse de mes jambes mais aussi de la demoiselle qui s’est fait imposante, placée devant moi. Pourtant elle doti être bien plus mal en point que moi. Elle est blessée, moi j’ai juste vu. Ce ne devrait pas être moi qui serait assis là, par terre…

Je le cajole, je ne sais que faire d'autre. Il est tellement mal. Je le caresse dans le dos et les cheveux.

-Détends-toi Stjepan c'est fini y'a plus de sang je te le promets. Tout va bien calme toi. Je t'en supplie calme toi.

Je le serre contre moi. Arrête de pleurer s'il te plait ! Je le giffle en voulant qu'il reprenne ses esprits. Pas trop fort pour qu'il ne saigne pas mais je veux qu'il se réveille. Je le serre plus fort contre moi Appuyant sur ma blessure. J'ai mal mais lui d'abord moi après.

Elle continue de me cajoler, mais ça ne sert à rien. L’information est montée au cerveau, en a fait trois fois le tour. Je cherche à me défaire de son étreinte, puis je pousse un cri. La plaie est tout près de moi… je suis horriblement agité. Extenué, poussé à bout. La prison n’est pas faite pour moi, c’est oppressant, et je ne fais que longer les murs, les yeux hagard, complètement fou, impuissant, impotent… Un cri sauvage, qui sonne dans le couloir vide. Il n’y a personne à cette heure ci. Tant mieux, je suis en pleine crise. Elle me supplie de me calmer, mais je ne peux pas. C’est impossible, j’ai l’impression d’avoir été souillé par le liquide de vie qui me révulse tant. Puis une gifle me stoppe. Ma tête pars sur le côté. Geste de désespoir ou juste envie que j’arrête de crier comme un fou en pleurant comme une gonzesse ? je n’en sais fichtrement rien. Toutefois je me stoppe, hoquette, reste un instant piégé dans ma propre folie.

« Du sang du sang… Huhuhuhuhuhuuuu… »

Pourquoi je ris ? C’est nerveux. Ma voix se tait, baisse d’énergie après ma crise de démence. Elle continue de me serrer dans ses bras, toujours plus fort, comme si elle était une camisole de force. Je me débats que faiblement, une dernière crise de sanglots et tout finit, par se tarir. Ca n’a pas duré longtemps, mais ça m’a épuisé comme si c’était des heures et des heures de course effrénée, poursuivi par je ne sais quel monstre. Qui n’existe que dans mon esprit. A voix baisse, je me mets à psalmodier.

« Comme un rien sans possibilités, comme un rien mort après la mort du soleil, comme un silence éternel, sans avenir, sans l’espérance d’un même avenir, résonne intérieurement le noir… »

Au dernier mot mon regard s’est fait fou. Comprenez moi, ma vue s’est tant brouillée que je ne vois plus rien. Tout est noir, glauque, sombre. Puis ce fut le silence complet. Plus un geste, plus un mot. Ma tête est tombée en avant, mes yeux se sont clos. Je ne dors pas, je continue de me battre contre la nuit noire qui m’habite intérieurement. Je dors juste superficiellement. Je me désole de l’abandonner ainsi, presque lâchement. Mais le sang me fait l’effet d’une torture des plus horrible. Mes muscles se relâchent, mes yeux ne pleurent plus, à moitiés ouverts, alors que je suis entre ses bras. Je la remercie intérieurement, non pas de m’avoir confronté à son sang, mais de m’avoir soutenu. Je ne lui en veux pas pour la baffe, qu’elle ne s’en fasse pas. J’ai retrouvé la moitié de mes esprits grâce à elle. C’est déjà ça. Maintenant je suis inerte, attendant que le vide de mon esprit se comble.

Je le sens souffrir contre moi. J'ai mal aussi mais je ne peux pas bouger car j'ai peur qu'il tombe. Sa folie se calme. Je soupire et le voit dormir contre moi. Une telle folie ça fatigue. Je ne trouve qu'une solution pour qu'il revienne parmi nous avec moi. Je le caresse en chantant tendrement contre son oreille.

-"Komm schließ die Augen, glaube mir
Wir werden fliegen über`s Meer
Ich bin nach deiner Liebe so krank
Die sich an meinem Freude betrank..."

Je modifie volontairement le mot sang pour qu'il ne reprenne pas sa folie de plus belle. L'air de cette chanson est doux et appaisant et fait penser au moyen-âge car dans la chanson il y a de la cornemuse, du luth et de la mandoline. J'aime ce genre de musique. J'espère que ça va le reposer un maximum. Je continue en lui carressant doucement le dos et les cheveux. Reviens vers moi Stjepan s'il te plait.

Au loin j’entends une mélodie. Si lointaine que je n’en distingue pas grand-chose. Je me contente donc d’écouter les sons qui montent et descendent, en ne comprenant pas les mots qu’elle prononce. C’est de l’allemand, je le reconnaîtrais facilement si je n’avais pas la tête à l’envers… J’ai l’impression d’être bercée par une mer calme et plane, sans vent. Ca fait du bien. Je me laisse donc flotter entre deux eaux. Les eaux boueuses de mon esprit et l’eau claire qui m’apaise en ce moment. Cette eau se nomme Maria. En la rencontrant, je n’aurais jamais songé finir ainsi dans ses bras… L’onde se faufile entre mes cheveux, glissant sur mon dos apaisé.

Je ne sais combien de temps a duré mon état de larve, mais la remontée est plus douce que la descente. Toutefois je reste muet, me contente de rouvrir les yeux, posant ma tête contre l’épaule de la demoiselle, encore amorphe.

„ Die Bäume in den Mai... wer... Wer will schon einsam sein...“

Je connais. A moitié mais je connais. C’est tout ce que je dirai, refermant les yeux. On pourrait me croire mort tant ma respiration est superficielle. Puis je lâche, alors que je connais la réponse. Juste pour savoir si je suis bien dans l’univers que je crois être.

« On est quel jour ? »

Je reste appuyé contre Maria, incertain et encore troublé. Du sang… Je vais cauchemarder, cette nuit.

[Pas certain pour la chanson :s Corrige moi si besoin l'en est]

(c'est "Die Bäume wachsen in den Mai
Wer will schon einsam sein ")

Je souris, enfin il remonte. Je le garde contre moi je ne bouge pas d'une semelle. Je continue à chanter encouragée par sa réponse.

-"Doch heute in dem mildem Licht
Bist du so nackt und heiß
Mund an Mund die lange Nacht
Der helle Mond zieht seinen Kreis
Auf dem Boden
Da liegt dein weißes Kleid "

Je continue de caresser ses cheveux. Il est assis sur mes jambes tendues car je suis assise par terre. Je ne sens plus mon sang circuler mais ça m'est égal car je veux qu'il aille mieux. Je dépose deux trois baisers sur son front. Continue de remonter Stjepan. Tu va sortir.

[Oki, j’y étais presque XDD]

La mélodie se fait plus proche. C’était donc bien Maria qui chantais. Elle m’embrasse sur le front. Je glousse, me rappelant de ce que cela veut signifier. En Russie, ce sont les morts que l’on embrasse sur le front. Mais ayant vécu entre tradition russe et tradition yougoslave, je ne sais que faire, toutefois une réflexion m’échappera.

« Je ne suis pas encore mort ! »

Comprendra t-elle l’allusion ? Ou pas ? Peu importe. Je me force à sourire, me déplace légèrement sur le côté, ma tête quitte son épaule. J’ai mal partout. Et oh, je me rencontre où je suis placé. Sur ses jambes ? Comment j’ai atterri là moi ? Qu’importe, j’y reste encore un moment, fourmis dans les pattes, dans le dos, partout. J’ai les traits tirés, je le sens. Je dois avoir le teint livide. Combien de temps s’est il passé ? C’est à mon tour de passer ma propre main dans ma tignasse verte, puis je la regarde, sens ses jambes sous moi, regarde ses pieds, mes mains, son visage, médusé. Comment j’ai atterri sur ses jambes ? Je fais en sorte de poser mes fesses sur le sol plutôt que sur ses genoux, je n’aime guère cette position.

« Heu ? »

Paf, je tombe en arrière, me rattrape sur les coudes. Un autre garde passe. Paf je m’affale par terre et fais le mort, mes jambes en travers de celle de la demoiselle. C’est idiot, mais c’est un réflexe. Quand t’es dans une mauvaise position, fais le mort ! La dernière fois que ça m’est arrivé, c’était contre un singe, lorsque je faisais un petit boulot dans un zoo… J’attends que ses pas s’éloignent… Nous a-t-il remarqué ou pas ? En tout cas il ne ses pas arrêté. Je préfère ça. Pire, c’aurait pu être un détenu. Puis je me relève, comme une fleur. C’est quoi ce petit stratagème ? Une façon d’éviter les questions des autres. Je ne souris pas, j’ai plutôt l’air embêté. Je regarde Maria, un sourire crispé, joint mes mains devant mon visage malgré la lourdeur de mes bras et lance un « désolé ! » alors que je plie légèrement le buste.

« Je m’excuse de ma crise, j’ai dû te mettre mal à l’aise… »

Je ris et perds mon sourire en me souvenant d'une famille russe qui avait accepté sort et de chaque membre s'embrassant sur le front avant d'être séparés. Je le serre contre moi. Quand il s'enlève je sens mon sang affluer dans mes jambes et les fourmis qui vont avec. Il s'excuse de sa crise et je souris.

-Ne t'inquiète pas j'ai vécu la même chose après un décès je sais ce que c'est.

Oui je vécu la même chose quand IL est mort. Une fois que je serai bien établie ici j'irai sur sa tombe. Je caresse la joue de Stjepan et souris.

-Tu sais de quoi je rêve le soir ?

Je lui laisse un temps avant de répondre.

-Je suis dans le couloir du camp. Les gens m'assaillent me percent avec leur ongles et leurs dents pointus. J'ai beau hurler aucun son ne sort et ce qui fut mes collègues rient en me regardant me faire déchicter par tout ces zombis qui saignent. Les murs sont pleins de sang et mon corps aussi. C'est ce rêve qui m'a fait faire des crises comme toi tu vois ?

Elle aime me caresser la joue, me tripoter les cheveux, m’embrasser à ce que je vois. Une idée me traverse la tête. Je l’attirerai ? Des yeux ronds, et je n’écoute plus qu’à moitié ce qu’elle dit. Moi qui n’ai aucun charme, qui suis incapable de me comporter en adulte, moi qui m’écroule dès que je vois du sang, j’attire ? Révélation. Finalement, je dois avoir un petit quelque chose qui attire. Bon, je dois surtout attirer les psychopathe, cette prison en regorge, et nous sommes tous un peu fou. Il faut perdre quelque chose pour en gagner une autre. J’ai perdu une partie de ma liberté, mais j’ai gagné de l’amour. Ca me fascine. Mais je peux toujours me tromper. Me voilà de nouveau abattu, et pour chasser cette idée noire je l’écoute. Elle rêve ? moi je ne rêve pas. Je ne rêve plus. Car je n’ai plus de désir, l’envie m’a quittée. Toutefois je sens que cela va revenir. Nouvel environnement, nouveaux désirs ? je l’espère. Je hoche négativement la tête à sa question, me massant les mollets pour que le sang revienne plus vite.

Un rêve plein de sang. Si elle a des crises, moi aussi j’en aurai ! Se faire frapper et griffer jusqu’au sang, sentir sa chair se faire lacérer, meurtrire. Oh, j’en frissonne. Je la regarde, de marbre toutefois. C’est bien la pire expression chez moi. Regard vitreux, teint livide, lèvres pincées. Je me sens toutefois obligé de détendre l’atmosphère.

« Je ne rêve pas, moi. »

Détendre, pas rendre plus pesante ! Je suis vraiment un rebut parfois…

« C’est peut être mieux… »

Sourire forcé, soupir exténué. Mon dernier rêve, je ne m’en souviens que trop bien. Je devais avoir vingt huit ans. Tout ce que je voyais, c’était des formes indistinctes. Je n’entendais rien, ne sentait rien, mais j’avais le tournis et j’avais l’impression de tomber dans le vide, alors que j’avais froid et chaud en même temps. Ce sont plus les sensations que les images qui me sont restées. Puis le matin, je m’étais réveillé en sang, les muscles complètement atrophié, douloureux, alors que j’étais en nage. Je ne rêve jamais, non. Je cauchemarde. Je me tais, perdu dans mes rêves qui jamais n’ont été doux. Petit même, il paraît que je ne faisais que des cauchemars.

« Ou peut être pas mieux… »

Je penche la tête, en proie à de sombres réflexions. Si je rêvais, peut être que je comprendrai mieux les remous de mon âme ! J’ai l’air si embêté que cela en devient comique. J’ai le chic pour me prendre la tête sur des questions qui n’en valent pas la peine…

Je sens que mon rêve l'a choqué. Je reste là à le cajoler comme je cajolerai un de mes chats.

-Tu sais...Je ne peux pas te répondre. Les rêves résultent de notre existance.

Je réfléchis en caressant ses cheveux d'un air distrait. Si je lui propose que va-t-il penser ? Bah qui ne tente rien n'a rien.

-Dis ça te tenterai de dormir avec moi une nuit ? Comme deux enfants ! On discuterait et tout ! Ce serait marrant !

Je lui souris innocemment mais que va-t-il penser ? Je suis inquiète mais n'en laisse rien parraitre. Après tout ça serait normal qu'il ne veuille pas dormir avec l'"ennemie". Mon coeur bat plus vite que je ne le voudrais. Je respire bruyamment et prends des légumes que je mange très vite pour ne pas penser à mon stress. Je le regarde, il est mignon. On dirait un petit garçon. Je pense à mon tatouage. Une lune c'est plutôt cool. Mais sa signification est si noire...

Les rêves résultent de notre existence. Donc je n’existe pas puis que je ne rêve pas ? Je fronce les sourcils, me demande si je suis bien là ou pas, ou si je suis mort depuis longtemps. Ou alors je ne me souviens plus de mes rêves. Impossible, ils sont si marquants. Je me souviendrai toujours de leur froideur excessive, de l’impression pourtant d’être dans mon monde. Souvent le trouble n’apparaît que quand je me réveille soudainement, si agité que je ne peux me rendormir pendant plusieurs jours. Je la regarde, croise ses yeux du bleu du ciel alors que les miens ont la couleur et la folie de l’alcool, de l’absinthe. Sa main dans mes cheveux me rassure, et je me laisse faire.

Elle semble hésiter, j’attends, partageant son trouble, restant muet, la regardant sans vraiment la voir elle, cherchant plutôt ce qui l’habite vraiment. Je suis coupé dans ma recherche par ses paroles. Elle a le don de me déstabiliser, cette demoiselle ! Je rougis, reste interdit, la regarde avec de grands yeux, limite si je lui demande de ne pas répéter ses dires. On dirait une adolescente. Une adolescente qui cherche une excuse pour… pour quoi tiens ? J’ouvre la bouche, la referme, la regardant sans comprendre, les yeux ronds comme des yeux ceux des poissons mort sur l’étalage du poissonnier. Tué par ses paroles… je manque d’eau heu, d’air, ne sachant quoi lui répondre. Je ne dirai pas non, mais ne peut pas dire oui ! Pourquoi est ce que cela doit tomber sur moi ? Je me gratte le cou, cherche mes mots, m’arrête à lui dire que ce ne sera pas possible, que l’one st plus des enfants et que cela me gêne terriblement. Une grande inspiration, je me lance.

« Oui bien sûr, comme tu veux ! »

Sourire crispé, bouffée de chaleur qui monte. J’ai pas réussi, ma langue dit le contraire de ma tête. Je suis comme un gamin qui est incapable de coordiner non pas ses deux jambes, mais cette fois sa langue et son cerveau. Je m’apprête à me reprendre, tousse pour cacher ma gène. Non, ce n’est pas ça que je voulais dire… Il faut trouver une excuse. Trouvée, j’envoie.

« Ca me ferait très plaisir… »

Je me stoppe avant de finir. Je cherche une arme pour m’achever, alors qu’elle mange ses légumes. Ah, et si j’utilisais le mur pour e fracasser le crâne dessus ? Non, trop sanglant. Berk le sang. Si j’essayais de m’étouffer avec mon poing ? Non non non, impossible. Je me contente donc de rougir, me relève comme si j’étais monté sur ressort, me rassoit par terre, me relève, lui tends la main pour qu’elle se remette debout. Je dois finir ma ronde, ça fait déjà un bout de temps qu’elle aurait dû être finie…

Je souris devant sa réaction. Qu'il ne s'inquiète pas je ne peux pas faire de folie à cause de ce tatouage. Dommage. Mais pas grave je l'attraperai dans les douches quand je serai guérie.

-Super ! Demain je serai probablement encore mal mais après demain ça ira ?

Je prends sa main et me lève pour plonger mes yeux dans son regard d'absynthe. Je m'enivre de leur couleur si agréable. Je lui tiens la main quand je l'embrasse tendrement. Je ne veux pas le brusquer mais il me tente de trop. J'espère qu'il acceptera mon baiser. Je caresse ses cheveux que j'aime particulièrement et le plaque contre le mur. Mon mignon je t'ai je te garde. Je le cajole bien sur je n'ai pas envie d'être brutale. Je caresse ses bras doucement pour me rendre compte qu'il a des muscles. Oh c'est agréable.

Ca y est, elle fixe une date. Un pseudo rendez vous galant a demi avoué que ma conscience dit de fuir mais que mon âme et mon corps disent d’accepter. Je suis en contradiction avec ce que je pense et je fais, à quand le dédoublement de personnalité ? Elle se saisit de ma main pour se relever. Je souris. Elle qui avant refusait mon bras, la voilà qui accepte ma main… Puis sans prévenir, elle m’embrasse. J’ai une touche. Encore… Pourtant je ne suis pas blasé, mais cela en devient dérangeant. Elle me plaît, donc je ne dis pas non, mais pas oui non plus. Je ne devrai pas, les mœurs m’en empêchent, et je ne sais ce qu’elle ressent. Avec moi l’amour naît difficilement. Il faut me traquer et me mettre à bout de force pour que j’aime. C’est stupide, non ? Devoir m’épuiser pour que j’accepte de concevoir que j’aime… Et après, il faut réussir à me tenir.

Je la laisse m’embrasser, ne cherchant pas à m’éloigner, ni à me rapprocher. Je reste neutre, la laissant faire ce qu’elle voulait. Homme-objet, moi ? Noon, pas du tout. Juste impuissant devant les charmes féminins. Plus de doute, elle en a après moi. La voilà qui me caresse. Je frémis, contracte mes muscles, puis presse une de mes cuisses sur son entrejambe et pour la première fois, prend le dessus. Je saisis ses épaules et nous fais tourner de sorte que à présent, elle soit plaquée au mur et moi contre elle. Je respire fort, je suis rouge, je suis épuisé. Je colle mon front contre le sien, courbé par la faute de ma grande taille, et d’une main caresse ses lèvres.

« Pas raisonnable. »

Puis mon doigt glisse de ses lèvres, passe entre ses deux seins puis remonte pour lui caresser le cou. J’aurais pu aller plus bas, mais la plaie est toujours là, et ça me bloque. Je reprends la parole, d’une voix doucereuse, remontant progressivement mon doigt sur ses lèvres.

« Ecoute, si tu cherches une relation plus qu’amicale, je suis pas sûr que ça va le faire… »

Mettons tout de suite les choses aux point. Peut être que je me trompe, peut être pas. Tout ce que j’ai vu, c’est des avances de plus en plus grosses… Je ne m'en plaisn pas, mais si elle cherche uen relation stable, je suis pas sûr de tenir... Alors, tant qu'elle ne s'accroche pas trop à moi, calmons ses ardeurs. Je plante mes yeux dans les siens, que j’avais alors gardé baissé. Un regard d’ange tout mignon, mais pas très sage.

« Okay ? »

Je fixe ses yeux d'absynthe en sentant son doigt me parcourir. J'esquisse un sourire digne d'une succube. Ma voix se fait murmure et est sensuelle.

-Moi je cherche juste une relation amicale...

Je me sens bien contre ce mur. Son petit regard me fait craquer. Je l'approche et le caline doucement. Je suis collée à lui et m'amuse à mordiller son oreille. Je vais l'avoir dans mon lit lui...Je soupire contre lui. Mon souffle est brulant. Ma plaie ne me fait plus souffrir bizarrement.

-Tu as un problème avec ça ?

Je le cajole, passe ma main dans ses cheveux. Il me plait bien ce bosniaque...

Elle sourit, me regarde dangereusement. Oups, je n’aurais pas dû ? Juste une relation amicale. Bien, une maîtresse de plus, une femme à rajouter à mon tableau… Moi aussi je suis un trophée, je n’en doute pas. Moi aussi je les collectionne, le pose sur une étagère, me plaît à les regarder, les délaisse et les désire à nouveau. Je les entretiens du mieux que je peux, et cela me plaît. Je suis un habile collectionneur, bien que cela ne plaise pas à tout le monde. Qu’importe, ma seule relation qui aurait pu aboutir a échoué par la faute de mon ancien patron, je suis encore horriblement frustré pour songer à entamer une relation durable… Alors je ne fais que m’amuser, malgré mon âge. J’aurais dû être marié et avoir trois enfants, mais non ! Je suis là, à me laisser charmer…

Elle se colle à moi, fiévreuse, cherchant mon oreille avec ses dents. Mes boucles d’oreilles tintent alors qu’elle me mordille le lobe. Elle est contre moi, mes mains ont toutes leur liberté alors que les siennes caressent mes cheveux… Alors je m’en sers. Je les glisse sous son pantalon. Elles sont froides, et ses fesses sont chaudes. D’une voix calme je lui réponds, tout autre, comme à chaque fois que je commence à réellement jouer. Non pas avec ma proie. Avec une partenaire disons… très plaisante.

« Si cela ne dérange aucun de nous… Amusons nous ! »

J’étais parti jusqu’à son intimité, que j’avais juste caressée du bout des doigts. Ma main remonte, caresse ses fesses, attrape sa poitrine à travers sa chemise, la serre entre mes doigts fins alors que je lui dépose un baiser sur le coin des lèvres.

« Eh bien reviens me voir quand tu veux… Je dois finir ma ronde là… »

Un moyen aussi de m’enfuir pour pouvoir cogiter sur ma faciliter à coucher avec n’importe qui. Le côté junkie reprend le dessus, le temps ou je couchais pour quelques extasies revient, mais cette fois, ce n’est plus de l’extasie que je recherche, mais de l’amour… Je lui dépose un baiser dans le creux du cou. J’entends des pas, me décolle précipitamment d’elle. Le même gardien que quand j’étais allongé par terre. Cette fois nous sommes tout deux souffle court, rouges et débraillés. Il passe, j’embrasse vite la demoiselle et m’échappe.

« A plus, ma belle… »

Je ne me retourne pas, la laissant là. J’espère la revoir au plus vite. J’aime les blondes qui savent être douces comme dures…

» Zezelj Stjepan