Sadismus Jail
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Sadismus Jail

Venez vivre la vie mouvementée des prisonniers de Sadismus.
 
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 Cela, désormais, vous le savez.

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Anastasiah H. Von Stern
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Anastasiah H. Von Stern


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MessageSujet: Cela, désormais, vous le savez.   Cela, désormais, vous le savez. Icon_minitimeSam 1 Sep - 8:59

Absent.
J'observe d'un œil neutre mon doigt fin courir le long de la porte close qui me fait face… qui m'oppresse un peu, doucement, comme cela. Vague obsession. Etat second. Mon esprit… mon esprit, est en repos. En repos pour oublier ce qui m'emmena jusqu'à cette porte… Il faudrait que j'entre.
Il faudrait. Mes doigts pressent doucement le petit rectangle de plastique, dans ma main. Je détourne le visage, ferme les yeux, comme pour me rappeler pourquoi je suis ici…
Comment.

Il y a une demi-heure à peine. La soirée ne fait que commencer… Enfin, en termes d'heures. Pas de ciel sombre, pas d'étoiles naissantes, dans cette cage opaque. Juste des cadrans de montre, silencieux, obsédants, réguliers.
J'étais las… las de mes nuits d'insomnies, passées à méditer mon entrevue. Son entrevue. Sentant dans mon âme, dans ma chair, s'écouler les minutes, les heures. Les jours.
Trois jours.
Et rien.

A défaut d'autre chose, j'avais décidé de retourner dans ma cellule… d'essayer de dormir. Peut-être y arriverais-je, cette fois-ci… La chambre était vide. J'étais seul, cette fois… Sans plus de cérémonies, je m'allongeai sur mon lit, nichant mon visage dans le creux de mon bras, ma chevelure blanche ondoyant mollement sur l'étoffe, sur mon visage. Je passai mes mains sous l'oreiller, y cherchant un peu de chaleur… et mes doigts heurtèrent un petit objet plat, froid, incongru.
Une carte mémoire.

Et me voici, devant sa porte, à lui, serrant dans ma main cet objet-message, le touchant comme un passe, comme pour me rassurer. Je ne sais pas exactement ce qui m'attend derrière cette porte. Et préfère ne pas y penser… Redouter, c'est vivre deux fois le gêne… Je passe doucement la main dans mes cheveux, prends doucement une longue inspiration… et frappe de mon index recourbé la porte, devant moi.
Trois coups, brefs, réguliers.

Ma main blanche vient se glisser sur la poignée de la porte, et reste posée là, calmement, attendant une réponse. Lentement, mes pensées dérivent vers un sujet bien récurrent à mon esprit. C'est à Eva, que je pense. Doucement, tendrement, comme lorsque son corps vivait. Mon coeur se serre légèrement. Je sais que son âme vit, éternelle, parmi les Anges... mais de ne plus voir chaque jour son visage doux noue mon esprit d'une sorte de perpétuelle lassitude.


Dernière édition par Anastasiah H. Von Stern le Jeu 19 Juin - 15:58, édité 4 fois
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Pythagoras de la Flaam
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MessageSujet: Re: Cela, désormais, vous le savez.   Cela, désormais, vous le savez. Icon_minitimeDim 2 Sep - 11:56

J'ai tout reçu ce matin. Le Duc à fait vite… Je lui ai dit que c'était pour Anastasiah Von Stern, mais a-t-il deviné que c'était un échange où le sexe était une monnaie ? Certainement, il me connaît tellement bien… J'ai branché l'imprimante, vérifié qu'elle marchait, mais je n'ai pas sortit l'appareil de son écrin… Ce n'est pas à moi de le faire. J'ai pris l'une des trois cartes mémoires et j'ai attendu que les prisonniers soient au réfectoire pour la déposer sous l'oreiller du prisonnier. La trouvera-t-il ce soir ou demain matin ? Je ne sais pas… Je ne suis pas pressé de toutes façons, je sais qu'il ne se passera rien d'extraordinaire ce soir… Mais il faudra mettre l'appareil en charge pendant toute la nuit, ça je le sais…

Je suis étendu sur mon lit. La porte est fermée à clé. Normalement Syonna est de garde cette nuit, mais tout de même… Maintenant il y a un grand paravent au milieu de la pièce. Les rares nuits que nous partageons ici, nous n'échangeons pas un mot, pas un regard. Nous nous ignorons totalement mutuellement… Et ce n'est pas plus mal. Mais ce soir, je ne veux personne d'autre que lui dans ma chambre… s'il vient… Combien de temps mettra-t-il à se décider ? Entre mes doigts, un morceau de carton tourne et retourne. Je relis encore une fois le message sur la carte:


Sur la carte de visite, le Grand Duc du Luxembourg a écrit:
Prends bien soin du jeune Von Stern.
Je t'aime.
Stephen

N'en fait-il pas trop, s'il a compris ? Il sait pertinemment que je n'ai aucun scrupules à coucher avec un autre que lui… Tant que mon cœur lui appartient… S'il savait que ce n'est peut être plus totalement le cas… Est-ce moi ou Edward qu'il ferait tuer ? Les deux peut être… Mais je pense qu'il ne voudrait pas que cela se fasse loin de lui. Le Duc est un être doux et calme… sauf quand on le trahit. Je sais ce qu'il ferait. Il s'arrangerait pour que Edward meurt dans mes bras ou sous mes yeux et le ferai rentrer pour me torturer jusqu'à ce que j'implore son pardon… Et certainement me le donnerait-il… Pourquoi ces pensées m'attristent-elles autant qu'elles m'excitent ? Je soupire. J'appartient vraiment corps et âme à mon oncle, c'en est terrifiant…

On frappe à la porte.

Je me redresse. Il aura fait vite. Les coups étaient discrets, doux, ça ne peut être que lui. Je pose le carton sur ma table de nuit sans même penser à le tourner face contre le bois et je me lève. Je fais tourner la clé dans la serrure et ouvre enfin la porte. Il est là, devant moi, il semble attendre quelque chose. Je m'efface pour le laisser passer et referme à clé derrière lui.

"Bonsoir Anastasiah. Je suis heureux de vous voir."

Pas la peine d'en dire plus, je suppose que sa venue ici a été assez difficile. Je passe à côté de lui et ouvre mon armoire. Sur le dernier étage, presque au sol, est posée l'imprimante dont le fil est relié à une multiprise elle même branchée à l'alimentation électrique. A côté de l'imprimante se trouvent les deux autres cartes mémoires et quelques réserves de cartouches d'encre et de papier photo… et un plus gros paquet: celui de l'objet de ses fantasmes. Je retourne m'étendre sur le lit le regarde avant de dire simplement:

"Il est à toi, Anastasiah, tu peux l'ouvrir. Il reste normalement une prise libre, il faut le recharger avant de pouvoir t'en servir je pense."

Mais en fait, je n'en suis pas si sûr. Parfois, ils laissent un peu de batterie. Peut être pourra-t-il prendre quelques clichés ce soir… Mais je doute qu'il y ai quelque chose ici qu'il désire mettre sur pellicule. Je ferme les yeux pendant qu'il découvre son jouet. Cela ne me regarde pas, c'est sa vie, son intimité… Encore plus que ce qu'il va me donner après… Car ce que je fais est censé le mettre en confiance: je lui donne l'appareil photo avant qu'il n'ait "payé"…
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Anastasiah H. Von Stern
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MessageSujet: Re: Cela, désormais, vous le savez.   Cela, désormais, vous le savez. Icon_minitimeVen 21 Déc - 17:37

L'instant qui m'est donné à patienter est si bref… Dieu. Aurais-je donc désiré qu'il s'étende à l'infini ? Certes non. Nulle peur ne me serait admise, en ce point des choses. Je ferme les yeux, lève légèrement le visage. Il faut que je me calme. Je me refuse à perdre mes moyens. En mon nom, et en mon âme.
Mon âme ?…
Eva.

Une clef tourne dans la serrure. Mes doigts glissent doucement sur la poignée, puis l'abandonnent lorsque la porte s'ouvre. Mon regard suit le mouvement, et, inévitablement, se pose sur une main qui n'est pas la mienne. Mes poings se serrent lentement.
Pythagoras.

Sans véritablement m'en rendre compte, je quitte le couloir, et me retrouve dans une pièce qui m'est totalement inconnue. Et pour cause.
Je n'ai pas le loisir de l'inspecter visuellement. Et peut-être même pas le désir. Mais je ne peux qu'être pleinement conscient de ce qui m'entoure, et de ce qui m'attend, ici. J'ai même presque été décontenancé (effrayé ?) d'entrer dans ce nouvel espace olfactif. Je me trouvais dans un couloir neutre, impersonnel. Me voici enfermé dans une chambre emplie de l'odeur de son propriétaire… Cette première intimité inquiète passablement mon âme.
Je n'en montre rien.

Au fait… Ai-je bien dit… "enfermé" ? Je prends conscience que Pythagoras vient de refermer la porte à clef, derrière mon pas. Cela ne m'étonne guère, mais me déplaît férocement. Croit-il que je sois prompt à m'enfuir ? Comme un enfant ? Je détourne légèrement le visage, me reprenant. Il n'est pas temps de se vexer. Et…peut-être désire-t-il seulement ne pas être…dérangé.

Il me salue. Me vouvoie, même, et y ajoute ce que j'interprète comme une formule de politesse. Je ne ressens pas l'utilité de lui répondre. S'y attend-il seulement ? Me suffit de croiser la pourpre de ses yeux, établissant un bref contact par la simple force douce de mon regard bleu sombre. Mais bien vite, il me tourne dos, et franchit en quelques pas l'espace de la pièce, passant à côté de moi. Silencieux, je l'observe. Mon esprit note inutilement l'impression que lui fait sa taille… Je ne m'étais pas rendu compte qu'il était si grand.

Mes doigts se referment légèrement sur les manches un peu longues de ma veste. Il faisait froid, dans les cellules. Moins ici. Il n'empêche que j'ai plus que jamais envie de garder ce surplus de vêtements, même s'il fait trop chaud. Absent, je note les mouvements de Pythagoras, ses paroles. Il finit par s'étendre sur son lit, ferme les yeux.

Les miens s'ouvrent véritablement, et voient, voient tout d'un bloc. La porte, fermée. Les murs, si proches… Pas de ciel ici non plus. Un… paravent ? Un colocataire, donc. Absent. Tant mieux… Pour ce que nous allons…ce que nous allons… faire.

Il ne faut pas que je panique… Eva… Aide-moi. Mais le pourrais-tu ? L'accepterais-tu ? Ce… ce ne sont pas tes bras, Eva… pas tes lèvres, Eva… pas toi.
Mais… c'est pour toi. Est-ce cela, mon choix ? Mon, œuvre, ou ma fierté ? Malheureusement… mon honneur imprègne les deux. Mais… j'ai promis.

Ma main vient défaire légèrement la fermeture de ma veste, au niveau du cou, et plonge dans le col de mon uniforme de détenu. Je saisis ma croix de bois blanc, et l'ôte. Sans bruit, je la dépose sur une table, près de moi. Tiens ? Je saisis quelques mots, inscrits sur une carte de papier blanc. Des paroles qui à la fois me concernent, et à la fois n'ont rien à voir avec moi. Beaucoup de choses m'échappent.

Je pose mon regard sur le matériel, dans l'armoire. Il ne m'aura pas menti. Même si je prends peu à peu la mesure de ce que ce Leica implique pour moi, et pour mon âme. Mes yeux dérivent, et, sans véritable intention, se posent sur les mains de Pythagoras, détaillant les veines de ses poignets. La façon dont elles se prolongent sur ses avant-bras…
Je me force à détourner le visage. Il n'est pas temps de raisonner de cette façon… Anciens réflexes de photographe.

Pourquoi vivez-vous ?

La question a fusé, seule. Inconsciemment. Que… quelle idée m'est donc passée par l'esprit ? Je ne sais. Peut-être simplement un moyen de me détourner de mes propres pensées… Ou bien peut-être une interrogation véritable. Cet…"échange", pour moi, sert ma raison de vivre. Et je ne comprends que peu ce qui le pousse à désirer un homme qui ne peut… "techniquement"… rien lui offrir.
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Pythagoras de la Flaam
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MessageSujet: Re: Cela, désormais, vous le savez.   Cela, désormais, vous le savez. Icon_minitimeSam 22 Déc - 9:09

"Pourquoi vivez vous ?"

La question est venue troubler le silence de la pièce. Surpris, j'ouvre les yeux et les pose sur lui. Il ne me regardé déjà plus. Je note qu'il n'a pas encore fait les pas qui le séparent de son bien. Je fronce un sourcil, interrogateur… Pourquoi je vis ? Qu'entend-il par là ? Un soupire m'échappe alors que, cessant de l'observer, je referme mes paupière. Pourquoi je vis ? Parce que je n'ai pas le choix… Parce que je respire… Parce que c'est ainsi. Mais est-ce la question ? Veut-il connaître la raison ou le but ?

La raison… Je ne me suis jamais vraiment posé la question. Cesser de vivre ne m'a jamais effleuré l'esprit, même quand j'étais un simple servant, battu et maltraité par celui que je savais être mon père… Quand j'ai été violé, quand j'ai appris la mort de ma mère… Non, jamais l'idée ne m'est venue… Et maintenant, si jamais je devais y songer… Non, je ne changerais pas d'avis. La vie, je veux la vivre… Au minimum pour ma mère qui a donné la sienne pour que je ne sois pas tué mais… mais aussi par vengeance…

Oui, c'est peut être ça qui me donne cette hargne, cette envie de vivre… La vengeance. La haine… Je veux dépasser mon père mais je ne suis que le jouet de son frère… Je ne suis qu'une chose aux yeux de mon oncle… Bien sûr, je crois en son amour… Mais l'amour d'un noble a-t-il une vraie valeur ? Quoi qu'il en soit c'est peut être pour ça que j'ai cette rage de vivre, cette volonté d'être… Pour me venger de mon paternel… Pour ne plus souffrir… Ne plus souffrir…

L'espace d'un instant, je me revois à genoux par terre, les bras sur ma tête, le dos courbé alors que les coups de fouet fusent sur ma jeune chair… Délicatement, mes doigts passent sur les marques blanches qui strient discrètement mes bras en souvenir de ce temps passé. L'image de mon tatouage me revient… Réussirais-je vraiment à m'échapper des Flammes ? A fuir cette prison qui me tient enfermé aussi sûrement que les murs de Sadismus retient les détenus ? Je déglutis…

Pourquoi je vis ?

Est-ce que je vis seulement par moi même ? Est-ce seulement moi qui décide de ma vie ? Quand j'ai voulu m'enfuire, Stephen m'a retrouvé, il m'a gardé près de lui… Je l'ai laissé me faire des choses que jamais je ne pourrais avouer… Mais je n'arrivais pas à être heureux, à vivre réellement, je m'ennuyais… Il m'a envoyé ici. Dans une prison… Et j'y suis allé avec plaisir. Il m'a donné l'illusion de vivre par moi même, mais est-ce vraiment le cas ? Pourquoi je vis ? Ma volonté propre entre-t-elle en jeu sur ce point ? Je vis pour son plaisir à lui. Je vis parce que mon père m'a fabriqué ainsi. Je vis… parce qu'ils le veulent bien. Je sers mon père en satisfaisant son frère. J'aurais beau m'inventer tous les mensonges, ça sera toujours comme ça. Je torture les gens pour me faire croire que je suis fort. Je baise avec tout ce qui bouge et je fais toujours en sorte de tout contrôler pour me rassurer, pour me faire croire que je suis fort… Je ne veux plus souffrir. Est-ce donc ça la réponse ? Je vis pour ne plus souffrir ?

Dois-je dire ces mots là à haute voix ? Est-ce vraiment ce que veux savoir Anastasiah ? Pourquoi donc m'a-t-il posé cette question ? Se rend-il seulement compte de tout ce qu'il vient de retourner en moi ? Peut être bien… J'ai beau avoir les yeux fermés, la détresse doit se lire sur mon visage. Heureusement que je ne suis plus capable de verser une seule larme depuis longtemps, je serais bien ridicule. Je me force à reprendre le contrôle de moi même. Je n'aime pas que les choses m'échappent. Je dois reprendre contenance. Presque automatiquement, je fourre ma main dans ma poche et en sort un tube blanc que je glisse entre mes lèvres… Une cigarette. Pas besoin de l'allumer, cette sensation et l'odeur du tabac suffisent à me calmer un peu. Je fume la même marque que Stephen… N'est-ce pas ridicule ? Doucement, j'arrive à me calmer, ma voix ne sera pas tremblante ni triste, juste neutre… détachée si c'est possible…

"Cela vous intéresse-t-il vraiment ? Que voulez vous savoir exactement, Anastasiah ?"

Par contre, je n'ouvre pas les yeux… Mes prunelles montreraient trop mon désarrois, je ne serais pas capable de les poser sur lui. A-t-il connu l'enfance dorée de la noblesse européenne ? Sait-il seulement ce que c'est que de recevoir, de son propre père, des coups de fouets acharnés ? Ou de se faire violer sous son regard satisfait ? Un frisson me parcoure à ces pensées. Comme j'aimerais pouvoir oublier ce moment. Mais je suis comme lui, aussi monstrueux que le Comte De La Flaam… N'ai-je pas violé, moi aussi, un petit garçon sans défenses ? Edward est à peine plus vieux que je ne l'étais à l'époque. Mon père serait fier de moi s'il savait. Et qu'en penserait Stephen ? Je ne sais pas vraiment… Je ne sais pas non plus pourquoi j'ai envie de le savoir. Qu'est-ce que ça peut faire ? Stephen doit s'en douter, non ? En m'envoyant ici, il était évident que ça arriverait à un moment ou un autre… A-t-il fait exprès ? Cherche-t-il un successeur aussi cruel que lui ?

Successeur…

Ce mot sonne bizarrement à mes oreilles… Qui deviendra Grand Duc s'il arrive quelque chose à Stephen ? Mon père ? Et moi ensuite ? Je t'en prie, Stephen, ne disparaît pas… Mon monde s'effondrerait sans toi… Pourtant… Ne m'ont-ils pas forgé, tous les deux pour que je sois un parfait tyran ? Cruel à souhait… Leur plus grande fierté… Moi ? Grand Duc du Luxembourg… Tu deviens fou, Pythagoras !

"Ne vous préoccupez pas de moi, Anastasiah, profitez de votre bien, nous aurons tout le temps, après, de discuter."

Que suis-je en train de fuir ?
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Anastasiah H. Von Stern
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MessageSujet: Re: Cela, désormais, vous le savez.   Cela, désormais, vous le savez. Icon_minitimeSam 22 Déc - 18:43

"Profiter" ?

Sous l'effet de la surprise, j'adopte naturellement ma langue maternelle. Il en est toujours ainsi, lorsque je suis troublé, ou bien pensif. Fâcheuse habitude, bien peu salvatrice en certains cas. J'avais, dès le début de cette nouvelle rencontre, décidé de ne parler que le Français. Le fait d'échanger tous deux en Allemand… m'aurait par trop facilement rappelé une forme d'intimité que je redoutais.
Néanmoins, ma nature a cette fois encore supplanté mes craintes. Dieu, quel trouble en cet homme ! Il ne m'a, explicitement parlant, rien dit qui puisse m'indiquer la moindre perturbation de son esprit. Mais tout son être… et surtout, les détours faussement détachés dont il use pour m'aborder… Tout cela m'indique que ma question –non, plutôt mon questionnement- n'a pas été sans conséquences. Mon intuition, par delà ma raison même, aurait une fois de plus fouillé ce qui ne devait pas l'être ?

Je regrette.

De vous avoir…blessé ?…Vraiment ? Il faut que je me reprenne. Mes mots… mes mots dépassent mon raisonnement. Je ne prend plus le temps de réfléchir, et cela est mauvais. Ce n'est pas la première fois que ce genre de chose arrive. Il est vrai que je suis trop souvent entièrement mû par mon seul instinct, et ma nature douce. Il me demande ce que je désire savoir. Certainement une question qui n'attend guère de réponse. J'y suis relativement habitué. Dans le milieu où j'ai grandi… Ce genre de délicatesse était d'usage courant. Mais je me sui toujours tenu à l'écart de ces mondanités que je ne comprenait que vaguement. J'ai tout laissé à David, et m'en suis allé mener ma vie. Loin de toutes ces choses qui siéent si peu au cœur des hommes.

Mais lui ?
Il a très certainement grandi dans cet univers, tissé de subtilités qui me dépassent. Que fait-il ici ? Qui, ou que cherche-t-il parmi nous ? Parmi des meurtriers, des criminels ? Je… non. Je ne désire pas m'octroyer le droit de pouvoir le jauger. Notre première rencontre 'a laissé, je l'avoue, dans un état de trouble absolu. Je ne sais s'il modère ses actes en ma présence uniquement parce ce que je ne me suis pas refusé à lui… Mais si cela n'avait pas été le cas ? M'aurait-il… ?

Cela…n'a guère d'importance. Je détourne pudiquement le visage : je viens de saisir sur son expression quelque chose qu'il ne désirerait certainement pas me laisser voir. D'un geste lent, je dégage légèrement mon front de quelques mèches inopportunes. Pourquoi…suis-je ici ? Ce n'est pas la véritable question.
Pourquoi mon âme me pousse-t-elle à dénuder celle de cet homme ?
Eva…peux-tu me répondre ? Le peux-tu ?
Je cille doucement, le regard absorbé par l'ombré née du paravent, à mon côté. Je crois y déceler une forme aiguë, quelque motif abstrait que mon esprit entraîné s'empresse d'identifier à une aile.
Eva…

Je fais un pas, hésitant à peine. Je ne compte pas vérifier le matériel, dans l'armoire. Je pense lui faire confiance. Pourquoi en serait-il autrement ? De toutes les façons…rares sont les fois où je me suis véritablement méfié de telle ou telle personne. Ma nature trop douce certainement. Silencieux, je tends une main, si blanche dans cette lumière artificielle, et ôte des lèvres de Pythagoras la cigarette qu'il vient d'y placer. D'un geste délicat, je la dépose sur la table où reposent déjà et la carte, et ma croix. Une fois de plus, encore mue par ce raisonnement intuitif qu'est le mien, ma voix s'élève, douce, mais non point faible. Posée, mais non point soumise.

Pythagoras… Comme à notre première rencontre, vous êtes transi.

Peut-être comprendra-t-il enfin mes paroles d'il y a trois jours. Celles-là mêmes qui semblaient l'avoir profondément vexé. Transi. Aussi glacé qu'un oiseau cherchant la liberté dans une cage à fauves.
Ou l'inverse.

Je pose désormais sur lui un regard poliment intrigué. Je ne sais comment il réagira. Mais que pouvais-je faire d'autre ? Je n'obéis qu'à ce que je juge être bon. Et ses actes m'intriguent au plus haut point. Quelle liberté est-il venu chercher en de tels lieux ? La liberté… N'est-ce pas le ciel ? Une famille, un être à chérir ?

Pourquoi ?


Dernière édition par le Dim 23 Déc - 7:34, édité 1 fois
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Pythagoras de la Flaam
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MessageSujet: Re: Cela, désormais, vous le savez.   Cela, désormais, vous le savez. Icon_minitimeSam 22 Déc - 19:55

[arg, j'ai pas résisté à te répondre !]

L'allemand. J'avais oublié. C'est étrange… comment ai-je pu oublier une telle chose ? Pourtant je m'étais dit que j'utiliserais sa langue pour le mettre plus à l'aise. Mais je remarque que maintenant qu'il a commencé, il y reste. Soit. Il dit regretter… Mais quoi donc ? Qu'a-t-il compris dans ma manière de détourner la question ? Il ne me répond pas, d'ailleurs, n'explique pas sa demande… Mes yeux toujours clos j'attends. Je ne dis plus un mot, me calme… Jusqu'à ce que je sente qu'il retire ma cigarette. Je le regarde tout d'un coup, interrogatif, toujours un peu perdu… Pendant un instant, je me demande s'il va m'embrasser, mais ça serait vraiment étrange… Qu'il s'abandonne ainsi alors que je ne lui en demande pas tant… Nous avons tout notre temps, nous avons l'éternité… Un jour il s'offrira à moi, mais je doute que ce soit ce soir. Cette nuit nous parlerons et nous dormirons, n'est-ce pas ?

Transi… Encore ? Je n'aime pas ce mot. En français ou en allemand, il me déplait. Qu'entend-il par ce mot ? Que je ne suis pas moi même ? Que je ne suis pas… libre… S'il savait… Pourrait-il vraiment comprendre ? Je me relève doucement, je suis assis sur mon lit et, sans un mot je détache ma chemise… Je crois bien que c'est la première fois que je vais faire ça… Pourquoi ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi lui ? Stephen ne m'a jamais demandé d'explication, mais je le soupçonne d'avoir compris… Il me connaît par cœur, il fait ce qu'il veut de moi… Je laisse le tissu glisser sur ma peau jusqu'à choir sur les draps. Je lui tourne partiellement le dos. Il ne peux pas le manque, il ne peux que le voir… Doucement, je glisse mes mains dans mon cou et rassemble mes longs cheveux pour les faire passer sur mes épaules, libérer la vue de mon dos… Vera-t-il les cicatrices sous le tatouage… Peu importe… Il aurait vu celles de mes bras un jour ou l'autre, non ? Il connaîtra leur existence et leur raison d'être un jour, peut être… Mais pas maintenant… Maintenant, c'est autre chose… Je doute un instant qu'il ait besoin d'un explication, mais j'en donne une tout de même…

"Nous avons chacun nos manières de fuir, Anastasiah… Chacun à sa façon… Je ne suis un De La Flaam que depuis dix ans, mais je n'arrive pas à m'échapper de cet univers…"

A-t-il besoin de plus ? Ne peut-il donc pas comprendre seul que je suis ce Phénix qui a été détruit et qui veut renaître, qui veut s'envoler mais il est constamment consumé par les flammes… Fera-t-il le lien avec les flammes et les De La Flaam ? Oui… Je pense… Je laisse retomber mes cheveux mais je ne bouge pas. Le temps s'étire. Je fuis… Je suis ici car je fuis… Je joue avec lui pour fuir… Etait-ce la réponse qu'il attendait ? Cela lui suffira-t-il ? Ai-je vraiment envie de le savoir ? Puis ma voix s'élève à nouveau, douce cette fois, calme, toujours en Allemand:

"Mettez le à charger, Anastasiah, et après nous parlerons… Vous me direz pourquoi tout cela vous intéresse…"

Etrangement, je veux le savoir… J'ai répondu à ses questions, je lui ai dit ce qui me torture… Me dira-t-il ce qu'il compte faire de ces informations ? Compte-t-il écrire ma biographie ? Je souris à cette idée, mais comme je ne me suis toujours pas tourné vers lui, il ne peut pas le voir. Je reprends le contrôle de moi même et lui fait face. Je l'observe longuement puis, lentement, je tends ma main jusqu'à dégager son front d'une mèche rebelle… Mais au lieu de la repousser sur le côté, je la garde entre mes doigts, la caresse doucement puis je la fixe derrière son oreille en laissant mes doigts frôler son cou. Il est vraiment d'une grande beauté. Mon regard se fait un peu plus dur, brûlant aussi et je souris doucement:

"Allez le mettre à charger… Je suis sûr que vous ne voudriez pas passer une nuit ici… pour rien…"
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Anastasiah H. Von Stern
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MessageSujet: Re: Cela, désormais, vous le savez.   Cela, désormais, vous le savez. Icon_minitimeJeu 27 Déc - 12:14

[contente qu'Any t'inspire ^^]

Fuir… Est-cela ? Est-ce vraiment ce mot ? Etrange conception des choses… Je lui dis "vie", il me répond "survie". Car c'est bien de cela dont il s'agit. Du moins… je suppose. Jamais je n'ai rencontré esprit si diamétralement opposé au mien. Je le sens si…compliqué. Un enchevêtrement d'actes passés, présents… d'événements et de pensées qui me dépassent totalement. Un verbe délicat, mais une âme écorchée… Comment pourrais-je saisir ce qu'il est, moi qui ne pense le monde qu'à travers une perpétuelle sérénité ?
Néanmoins… Il y a une chose, sur laquelle je peux le suivre, le comprendre.
Ce souffle qu'il appelle "fuite".

Je dois avouer que sa prime réaction m'a surpris. J'ai même ressenti une légère pointe de peur… Certes, je sais pourquoi, et par quoi, je suis ici. Mais qu'il se dénude de la sorte m'a brutalement rappelé quelques unes de mes craintes les plus tenaces… Mon trouble fut tel que je mis un certain temps à comprendre mon erreur.

Muré dans un silence plein de stupeur, je ne pus plus détacher mon regard de l'éclatement presque violent de couleurs chaudes, étalant avec une forme d'impétuosité muette les ailes tourmentées d'un oiseau de feu… Un Phœnix… Je cille lentement, l'œil totalement absorbé par ce déluges de tons sanguins, brûlants presque. Je finis par arracher mon regard du dessin, avec comme un sentiment d'ivresse dans l'âme.
Dieu… quelle symbolique.
…Et quelle… souffrance ? Colère ? Passion ?
Je ne sais, mais le sens… tout ce sang ! Si j'étais prompt à user de concepts aussi simplistes, je dirais… A lui le Rouge, à moi le Blanc. Sang… Neige ?

Etrange.

Sa voix me tire de mes réflexions. Il faut que je me reprenne… Ne pas me laisser aller à des pensées si lointaines. Nous sommes au présent. Et je dois… faire ce que j'ai choisi de faire.

Je passe vaguement la main dans mes cheveux, tentant de dégager mon front de quelques mèches désordonnées. En vain… Mais ? Je… Ses doigts sont venus se saisir d'une fine parcelle de ma chevelure, gênant ma vue. Avec une infinie délicatesse, ils parcourent la blanche matière. Je n'ose faire le moindre mouvement, sentant seulement mes joues se colorer légèrement… Je suis…gêné. De ma réaction, principalement. Mais comment… comment puis-je garder mon calme ? Cet effleurement sur mon cou… Ce n'est peut-être pas grand chose, mais, pour moi… c'est énorme. Insoutenable, presque. Je me demande s'il soupçonne ce que… ce que tous ces gestes… ce que ce regard qu'il plante dans le mien, implique pour moi. Silencieux, je m'efforce de recouvrer au plus vite un faciès imperturbable. Eva… Que dirais-tu de tout cela ? Toi… la seule qui m'ait jamais touché de la sorte… la seule qui le ferait jamais. Du moins… Je le croyais.

Mon calme regard bleu lui répond, silencieux. J'acquiesce doucement, me détourne enfin. Avec lenteur, je m'occupe des quelques manipulations basiques à effectuer. Le contact familier de ce matériel réussit presque à me rassurer. Tout du moins, j'aurai retrouvé le calme qui me caractérise d'ordinaire. Je sens le voile blanc de ma chevelure glisser le long de mon cou, dissimulant partiellement mon visage, et profite de cette brève accalmie pour me remémorer chacune de ses paroles.
Lequel des deux ? Lequel des deux, dans cette pièce, est le plus torturé ? Lui, certainement. Moi, je ne souffre que de la situation présente. Mais lui… quand il parle, son passé parle avec lui. Sont-ce bien des cicatrices, vainement recouvertes par ces flammes ? J'ai l'impression… l'impression de toucher du doigt une trame sous laquelle vibre tout un monde déchiré. Violent, puissant, mais effroyablement déchiré. L'un allant peut-être de pair avec l'autre… Mais qui suis-je, pour en juger ?

D'un dernier regard, je vérifie que l'appareil est bien branché. Attention bien superflue, en vérité. Précautionneusement, je me relève, tire discrètement sur mes manches, et me retourne. Je ne préfère pas le regarder tout de suite. Je n'ai pas envie de surprendre un de ses regards prompts à me départir de ma maîtrise personnelle.
Maîtrise.
Me revient soudainement l'expression que je lui ai surprise, il y a quelques instants. Détresse ? Je fronce légèrement les sourcils. Etrange. Eva ! Aide-moi. Pourquoi suis-je ici ? Est-ce uniquement pour une affaire… matérielle ? Tu sais des choses, Eva, qui me sont étrangères. Moi, je ne suis capable que d'agir d'instinct, suivant ma ligne de conduite. Pourquoi j'agis ? Y a t'il seulement un raison ? Faudrait-il forcément une raison à tout ?

Vous me demandiez… "Pourquoi ?"

Je relève le visage, un air légèrement interrogateur dansant sur mes traits. Quelques secondes s'enfuient, innocentes. Je réfléchis, afin de bien choisir mes mots.

Laissez-moi reprendre vos paroles… Vous disiez être entré depuis dix ans dans un monde… que j'ai quitté il y a dix ans. Je ne sais pas s'il s'agit d'une réflexion valable, à vos yeux… Mais le fait est que votre logique semble être totalement différente de la mienne… Et cela m'intrigue, même si le terme est mal choisi.

Je m'interromps soudainement. Est-ce bien pour cela… ? Oui. Plus j'y réfléchis, et plus mes motivations me semblent claires. Mais il y a…autre chose encore.

Vous êtes jeune. Peut-être plus jeune que moi. Et vous ne parlez qu'en terme de survie… Pourquoi fuyez-vous ? Ce monde, celui de l'aristocratie ?… C'est peut-être le seule chose que je peux comprendre de vous. Mais la fuite…

Je me surprends à poser un regard…plus doux, sur lui. Eva… Tu te souviens, de cette phrase ? Un passage de la Bible. Nous n'avions pas compris, car nous étions trop heureux… "Toi qui sens fleurir en ton âme la plus misérable des peines, tu veux guérir ? Alors laisse s'écouler dans ton cœur la douleur de l'Autre. Fais ceci, et tu guériras."
Il n'est jamais été besoin de logique. Non ? Je termine ma phrase, sur un ton doux…

…n'est pas la liberté. Croyez-moi… Lorsque l'on fuit quelque chose… ou quelqu'un… ne fait-on pas que dépendre encore de lui ?
Voilà, si vous les désiriez, mes raisons. Je me demandais simplement pourquoi vous vous débattiez.


Se débattre… contre, ou pour la vie ? J'ai fais mon choix il y a bien des années… Mon regard est désormais posé sur le sien. Je me demande… était-ce cela, qu'il attendait ?

Etes-vous satisfait ?
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Pythagoras de la Flaam
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MessageSujet: Re: Cela, désormais, vous le savez.   Cela, désormais, vous le savez. Icon_minitimeMar 22 Jan - 12:29

[HJ : je me permets de faire un peu jouer Ani à la fin, j'éditerai si ça ne te va pas]

Je le regarde alors qu'il range son appareil. Et une question me vient à l'esprit. Que va-t-il se passer ? Je ne le toucherai pas, plus je le regarde, plus j'en ai envie, mais je ne le toucherai pas. Je le sais. Alors nous allons parler. Il va raviver mes souvenirs, mes douleurs… Mais seul le sexe peut m'en sauver, m'enivrer assez pour oublier… Et ça, il ne me le donnera pas. Vais-je finir par le lui prendre de force ? Je m'en voudrai. Je me le reprocherai… Mais ce serait trop tard. Il se relève, se retourne. Moi je n'ai pas bougé. Je suis toujours assis, à demi nu, face à lui… le regard dans le vide. Et il commence à parler. Je ne bouge pas, mais mon attention lui est acquise, entièrement. Lentement, il débite ses paroles, ses constatations… Je ferme les yeux et laisse le silence envahir la pièce quand il finit. Dois-je l'inviter à s'asseoir. J'ai envie de l'embrasser, de ne pas lui répondre, d'enfouir les images qu'il a fait renaître dans la volupté de son corps…

"Vous avez quitté ce monde quand j'y suis entré… Avant d'y entrer je n'avais connu que la violence. Cette violence de vous évitez tant. Je l'ai subie. Et quand j'y suis entré… Ca a été pour apprendre à la faire subir à d'autre. Et j'ai été un très bon élève. S'affirmer, dominer pour ne pas être soumis à nouveau… J'ai été parfait. Cette violence et cette rage coule dans mon sang, Anastasiah. Je ne connais que le terme survie…"

Je marque une pause. Je sens qu'il me fait aller dans mes retranchements, qu'il me pousse vers des souvenirs douloureux… J'ai besoin de sentir sa peau sous mes doigts, sous mes lèvres… J'ai besoin de cette drogue… Mes mains se mettent à trembler, je déteste ça. Pythagoras ! Reprends-toi ! Tu n'as pas le droit d'être faible. Jamais. Plus jamais. J'ouvre les yeux et les plante dans les siens, comme un défis. Mais ma voix reste calme quand je reprends. Presque résignée.

"A fuir on devient plus dépendant, plus prisonnier… Croyez vous que je l'ignore ? J'ai fuit mon père et son frère m'a retrouvé. Il m'a enfermé dans une prison de douceur et d'amour où je ne vivais plus. Regardez dans quel endroit je me suis réfugié, Anastasiah. Je me suis moi même enfermé dans une Prison. Quant à pourquoi je me débats… Pour cette vie dont vous parlez et que je ne connais pas. Je veux m'éloigner de tout ça, l'oublier… Et je n'ai trouver que deux choses où j'ai l'impression d'être moi. Deux choses où je crois être en train de vivre… Les deux choses pour lesquelles j'ai été formaté : la torture et le sexe."

Cette fois, ma voix s'est accélérée, elle a un peu enflé. Je me calme mais mon regard reste un défis virulent. Regarde moi, Anastasiah. Regarde mon âme qui ne demande que ton corps pour s'apaiser. Toi qui aime le calme et la douceur, me donneras-tu cet oubli salvateur ? Non… J'en doute…

"Le sexe", je répète le mot pour qu'il comprenne bien, "le sexe est le seul des deux qui peut me procurer un véritable calme, une sérénité, un peu de repos, d'oubli… Et si je change de partenaire, si je suis comme je le suis avec vous… C'est parce que l'ennuie, la routine, l'habitude… tout ça… ça m'empêche de ne pas penser, au contraire, c'est la porte ouverte à tant de ressassements, de retombées dans les souvenirs… Seul le sexe peut me sortir de mon passé à condition qu'il soit nouveau, associé à la découverte… d'un corps, par exemple."

Mon regard, devenu presque froid, se promène sans gène sur sa silhouette. Je tends ma main vers lui avec une douceur contrastant fortement avec le reste de mon attitude. Je glisse mes doigts sur sa taille et l'attire à moi, juste devant moi. Ma paume se fraie un chemin dans son dos, sous le tissus puis revient devant où je commence lentement à détacher les boutons de sa chemise. Il ne bouge pas, comme figé, il me laisse faire. Est-ce la peur ? Peut être. Le vêtement glisse sur sa peau et tombe sur le sol. J'accompagne le mouvement et m'arrête quand mes doigts, après avoir dévalé le long de ses bras, rencontrent les siens. Je m'en saisi et les pose délicatement sur mon corps. Je le regarde alors, presque inexpressif, et ma voix à la fois douce et glacée s'élève alors dans la pièce, en néerlandais, cette fois, la langue qui ressemble le plus à ma langue de naissance. Comprendra-t-il mes paroles ?

"Après avoir ravivé tous ces douloureux souvenirs, Anastasiah, allez vous m'offrir le sésame qui me permettra de les oublier ?"
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Anastasiah H. Von Stern
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MessageSujet: Re: Cela, désormais, vous le savez.   Cela, désormais, vous le savez. Icon_minitimeMar 19 Fév - 14:21

Son regard, Dieu, son regard.
J'observe silencieusement son visage. C'est peut-être la première fois qu'il m'est donné à voir tant d'expressions, d'inflexions, de tonalités, si contradictoires, chez un seul homme. Devrais-je avoir peur ? De lui ? Certainement. Il semble violent, vindicatif, et surtout peu enclin à souffrir l'attente que je lui impose.
Mais il serait trop simple de le craindre.

Je n'ai jamais réussi à comprendre la violence en tant que… mode de vie. Les coups de sangs, les colères pulsionnelles, tout cela, je le connais. Mais…ce dont il me parle, ce que je peux tenter de percevoir… Comment fait-il ? Se rend-il seulement compte qu'il est lui-même l'instrument de sa souffrance ?
… Mais je m'avance trop. Je ne connais pas cet homme. Tout comme il ne me connaît pas. Il veut mon corps, je veux son âme. Problème. Ou pas.
Mais passons.

Pythagoras… Cette violence, vous plaît-elle ? Amie-ennemie ? Une tendre amante qui vous croire que vous n'êtes qu'en vie… Seulement en vie. Je fronce légèrement les sourcils. Ai-je le droit de vous forcer à évoquer toutes ces choses ? Ou en avez-vous le besoin…

"…Les deux choses pour lesquelles j'ai été formaté : la torture et le sexe."

Je fais erreur. Vous n'avez besoin que de mon corps, ici, et maintenant. Je surprends un infime tremblement sur ces mains… Et je dois cette fois-ci avouer qu'une pointe de peur me fait perdre pour un instant du moins, ma contenance. Mon visage se déglace, je cille, inspire.
Toute cette tension… Non. Je dois me reprendre. Si je cède maintenant, il m'aura d'une façon dont je ne veux pas qu'il m'ait.
Par la peur.
Personne ne m'aura jamais par la peur. Je suis un Von Stern… Je préfère encore donner mes propres raisons à ce qui me déplaît. Assumer.
C'est tout.

Je serre lentement mon poings, laisse ensuite mes doigts se détendre. Du sang-froid. Il m'en faut, pour affronter sa voix qui enfle, son regard–Dieu, ce regard- qui le brûle et qui me glace tant. Je n'aime pas ce qu'il veut faire de moi… Je n'aime pas sa façon de me parler, de répéter toutes ces paroles de violences… Il mes les jette au visage, toutes ces paroles crues, cruelles… Pour lui surtout. Je me trompe certainement, mais je ne peux m'empêcher de penser que tous ces mots ne me sont pas adressés. Cherche-t-il à se convaincre lui-même ? Je ne sais. Mais ce qui est sûr… C'est qu'il cherche encore à fuir.

Il a cessé de parler. Je ne sais pas si c'est quelque chose de bon. Que fait-il ? Ce regard… Il détaille mon corps, avec une froideur dans le regard qui me pétrifie. Sueur froide. Tant à cause de son expression, que de son acte. Je crois que… je commence à me rendre véritablement compte de ce qui va se passer.
Et j'ai peur.
De sorte que, lorsqu'il étend le bras, je dois me faire fureur pour ne pas l'écarter d'un geste. J'ouvre la bouche pour tenter de prendre un inspiration nerveuse, et contiens de justesse un sursaut lorsque ses doigts se posent sur moi. Il me reste assez de bon sens pour ne pas résister lorsqu'il m'attire vers lui. Je présume une force qui me déplaît. Est-ce avec cette force qu'il va me faire l'amour ?
Question puérile… Peut-être. Mais je ne fuirai pas. Je dois faire ce que j'ai promis. Je n'ai qu'une parole, il me semble.

Sa main tiède dans mon dos. Mes épaules se crispent, je serre les dents, soutiens son regard. Je ne fais pas le moindre geste, mais ma tension doit se sentir… Néanmoins, je le laisse faire ce qu'il veut. Mais justement… Comme fera-t-il ? Avec ou sans moi ? Je doute qu'il désire s'assouvir sur un corps mort… Car je ne ressens rien qui puisse s'apparenter à du désir. Strictement rien.

Avec une lenteur particulière, il se débarrasse de ma chemise… Ultime et vaine protection. Le tissu choit sans bruit. Je me sens mal. Nausée. Je peux voir ma poitrine s'élever, s'abaisser doucement au rythme d'une respiration que je m'efforce de garder régulière. Je ne suis pas nu, mais dans mon esprit, et dans ses yeux, c'est tout comme. Je me rappelle vaguement ses caresses, le jour dernier. Rien. Que fera-t-il ? Mon corps ne réagira pas… Comment fera-t-il ?

Je blêmis lorsque ses doigts guident les miens sur son corps. Tiède.
Pas de violence, dans ses gestes. Je fixe mon regard sur mes mains, sur sa peau. Je dois ressembler à un parfait abruti, muet de la sorte, les yeux écarquillés. Ou à une vierge effarouchée, au choix…
Non ! Surtout, surtout ne pas penser comme cela. Si je deviens cynique, que me reste-t-il… ? Mais cette situation me paraît tellement… incongrue. Illogique. Mes mains, sur le torse d'un homme que je ne connais pas. Mes mains, qui hier encore n'avaient tenu que celles d'Eva…


Que ? Qu'a-t-il dit ? Je cille. Le silence se fait, alors que je tente de décrypter ce que je suppose être une langue à la fois proche et différente de la mienne… Quels était les mots, déjà ? Hmm… Traduction imparfaite, mais l'accent est différent… des consonnes muent légèrement… Cette langue… Je ne sais pas exactement de quoi il s'agit. Mais je peux comprendre ce qu'il dit… grossièrement. Une langue germanique.
Simplement, ce qui me marque, c'est encore une fois l'usage de ce mot…" oublier"

Je… Je l'ai forcé ? Et il veut encore fuir… Seigneur. Mais… qu'est-ce…qu'est-ce que je dois faire ?

Oublier.

Ma voix est traînante, différente de mon habitude. Ce n'est pas du mépris, mais presque. Mes doigts se détachent de son corps, mais seulement pour que je puisse poser mes mains sur ses épaules. Rien de bien sensuel dans ce geste. Je plante un regard torve dans ses yeux pourpres.

Nous aurons alors parlé en vain. Et vous, souffert en vain. C'est ce que vous voulez… Ne seriez vous pas qu'un enfant, Pythagoras de la Flaam ? Sortez de ce jeu…

Je sais que mon regard n'est pas de ceux qui peuvent se faire menaçants, ou bien dédaigneux. Disons que j'ai simplement ôté toute trace de politesse sur mon visage. Etrange sensation. Je me sens…vexé. Il cherche un alcool, pour suppléer à sa propre faiblesse ? Ah ? Tiens donc.
Stop. D'abord la peur, puis l'irritation ? Mais que m'arrive-t-il ? C'est n'importe quoi… Que je me calme…

Néanmoins… Je me dois de vous présenter des excuses, si par mon attitude je vous ai forcé à rappeler en vain de douloureux souvenirs.

Ma voix a retrouvé sa douceur. Tant mieux. Il est une des rares personnes qui aura pu expérimenter une de mes rarissimes irritations. Je pose mon regard sur lui. Comment va-t-il réagir à ce mot ? Je me rends compte que mes mains sont toujours posées sur ses épaules.

Je ne vous désire pas, Pythagoras.

Léger silence.
Pulsion.
Je m'assieds à côté de lui, à sa droite. Malgré moi, ma jambe touche la sienne. Mais je n'en ai cure. Je pose ma main droite sur son genou gauche, et plaque mon oreille contre son torse, au niveau du cœur. Je m'empare de son poignet droit, trouve son pouls. Je fronce les sourcils, écoutant les puissants battements de son cœur, auxquels répondent presque instantanément les pulsations discrètes, sur son poignet.

Le cœur d'Eva battait sans régularité.

Mon regard tombe sur mon alliance, à ma main droite. Comprendra-t-il ce que je veux qu'il comprenne ? Je n'ai jamais touché qu'elle… Je ne sais pas. Je ne sais pas, et j'ai peur.
Action infantile.
J'ai peur.


Dernière édition par Anastasiah H. Von Stern le Mar 19 Fév - 17:07, édité 5 fois
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MessageSujet: Re: Cela, désormais, vous le savez.   Cela, désormais, vous le savez. Icon_minitimeSam 23 Fév - 7:00

Apparemment, non, il ne comprend pas le Néerlandais. Mais il n'en dit rien. La langue reste assez proche de l'Allemand pour qu'il tente de traduire mes paroles… Et il semble y arriver en partie. Il semble se reprendre et son attitude change quelque peu. Je fronce les sourcils à ses paroles. Il n'a donc rien compris… C'est lui l'enfant, celui qui est utopique. Je n'ai jamais eu l'espoir vain de changer quelque chose, moi. Connaît-il seulement la vraie vie. Tout ne se passe pas toujours comme on le souhaite. Il se ressaisit. S'interdit-il d'être lui même ? Limite-t-il volontairement ses pensées et ses actes ? Et le voilà qui s'excuse… puis il énonce une évidence. N'a-t-il donc vraiment rien compris ? Ou me prend-il pour un monstre que j'espère ne pas être. Ne lui ai-je pas dit que je ne le prendrai pas de force… Est-il si difficile de me faire confiance ? Pense-t-il que la douceur est sa propriété et que personne d'autre ne peut en faire preuve ? Me considère-t-il comme quelqu'un d'essentiellement violent ? Est-il en train d'imaginer que je vais le prendre de force ? Il s'assoit à côté de moi et se penche sur moi. Je ne dis rien. Il parle. Il nomme cette femme, sa sœur, son amante, son aimée, celle qu'il a tuée… il la nomme en ma présence. Je n'aime pas ses manières de faire. Je pense qu'il faut qu'il se rende compte de certaines choses.

"Vous devriez vous redresser, Anastasiah, en général, ceux qui se penchent ainsi sur moi le font pour me sucer…"

Voix glaciale. Regard identique. Méprisant même un peu. Je le fixe. J'ai dégagé mon poignet de son emprise et l'ai forcé à se reculer. Je le détail. Imbécile.

"Que vous ne compreniez pas quand je parle Néerlandais, c'est une chose, mais quand je parle Allemand, votre langue de naissance, n'est-ce pas plus inquiétant. Je vous l'ai dit et je vais vous le répéter une fois encore, Anastasiah, je ne vous prendrai pas de force."

Silence. Je me lève et le regarde. De haut. Mon visage change peu à peu. Il devient vide, sans aucune expression, mais mes yeux, eux, montrent une forme de menace, pourtant ma voix est assez calme bien qu'un peu supérieure quand je parle. Je vais lui expliquer ma manière de penser. Je me penche sur lui. Le repousse jusqu'à ce qu'il soit appuyé contre le mur et pose mes mains sur le matelas de part et d'autre de ses hanches.

"Qu'attendiez vous de cette discutions, Anastasiah ? Pensez vous qu'il suffit de parler de mon enfance pour que je guérisse de ces plaies ? Mais vous ne pouvez pas comprendre la haine qui m'habite, n'est-ce pas, vous qui n'êtes que douceur. Quand je parle de mon père, je n'ai qu'une envie, le tuer. Et plutôt que de devenir un meurtrier, je préfère choisir l'oublie et la fuite… Vous pensez vous donc si supérieur ? Croyez vous que vous réagiriez différemment ? Dites moi donc, Anastasiah, si je vous battais et vous torturais jusqu'à ce que vous demandiez grâce, ne seriez vous pas haineux à mon égard ? Et si au moment où vous êtes le plus affaiblit le vous violais, que se passerait-il ? Pensez vous que votre douceur naturelle vous suffirait pour me pardonner ? Et si, pour couronner le tout, c'était moi qui avait tué votre amour ? Osez me dire que je dois pardonner ou ne pas souffrir. Osez vous prétendre assez supérieur pour pouvoir me dire comment je dois réagir. Vous ne savez pas ce que j'ai vécu, vous ne pouvez pas comprendre ce que je cherche à cacher et à oublier. Vous n'êtes pas en droit de me juger, Anastasiah !"

Je reste ainsi, à le fusiller du regard. Je me suis échauffé en parlant, ma voix est devenue un peu plus violente, mon souffle s'est accéléré. Je me redresse brutalement et lui tourne le dos. Mes cheveux, dans mon dos, cachent une partie du Phénix. J'attrape ma chemise et la sienne pour les poser sur une chaise puis j'ôte mon pantalon. Il ne me reste que mon boxer. Je me suis calmé. Et c'est en français que je reprends, d'une voix un peu triste.

"Je tente de reconstruire ma vie mais je n'ai que des cendres comme fondations sur lesquelles me baser. Cherchez à comprendre si ça vous amuse, mais je ne vous permettrai pas de me juger."

Je lui fais face. J'éteins la lumière principale, il ne reste que le chevet, et m'avance de nouveau vers le lit. Je reviens à l'Allemand.

"Laissez moi un peu de place, je vais dormir. Vous éteindrez la lumière."

J'ouvre le drap, mais il est sur le lit, je ne peux pas me glisser dedans. J'attends qu'il réagisse, partagé entre la tristesse et la colère. Va-t-il enfin comprendre que je ne compte pas coucher avec lui ce soir s'il ne le désire pas ? Je ne suis même pas en train de bander…
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MessageSujet: Re: Cela, désormais, vous le savez.   Cela, désormais, vous le savez. Icon_minitimeDim 2 Mar - 9:57

…Là.
Voilà exactement le type de situation dont j'ai toujours soigneusement évité d'être le responsable. Je me suis laissé aller… à m'énerver. Mais pourquoi ? Qu'y a-t-il eu, dans ses mots, qu'y a-t-il eu de si révoltant… pour me départir de ce dont j'ai fait une façon de vivre. Une condition.
Cet enchaînement d'événements, qui font que je suis dos au mur, et lui, hors de lui. Inutile de préciser que sa première remarque à failli me faire perdre mon sang froid. Mais je ne peux pas nier que je ne m'attendais pas à une telle réaction. Alors je me suis tu, et malgré ma… enfin, ce que je peux appeler chez moi "colère", ai composé mon visage d'une expression totalement neutre, et l'ai écouté.
Je l'ai écouté.

…Seigneur. J'aurais dû me taire. Et ignorer ? Ne pas réagir… Et bafouer ce que je considère comme vital pour chacun ? Ma condition de prisonnier ne semble pas encore avoir eu raison de ce genre de chose. La mort serait plus douce.
Mais cela m'autorise-t-il à éveiller les douleurs d'un autre ?
… L'éternelle question. Celui qui désir apporter une aide… finit toujours par en devenir ridicule. Pas de raison. Pas de droit.
En cela, je suis toujours un enfant.
Et m'en accommode.

"Qu'attendiez vous de cette discussion, Anastasiah ?…"


Attendre ? Qu'est-ce que cela peut bien signifier, pour lui ? Croit-il que je désire me distraire, jouer les blanches colombes, pieuses et compatissantes ? Je ne suis pas comme ça. Il n'a pas compris… Il n'a rien compris.
Tout comme je ne comprends rien de lui.

"Me croire supérieur"… Est-ce vraiment l'impression que je suis laissée ? Mon Dieu… Mille fois non. Plutôt mourir, encore une fois, plutôt mourir que de m'imposer ce genre de raisonnement. Je ne souffle mot, perturbé par le sens que semblent avoir pris mes paroles pour lui. Jamais, non jamais plus je ne m'emporterai de la sorte… J'essaierai.

"…avait tué votre amour ?"

Je tique. Comment… ose-t-il seulement parler d'elle ? Et moi, pourquoi lui ai-je parlé d'elle ? Non… Ne me laissez pas y repenser. Si, si, si elle était en vie… Dans les faits, l'action est ignoble. J'ai lu mes chefs d'accusations. "Sévices", "viol", "meurtre"… Non, non, je ne lui ai pas fait subir tout ceci… Et je n'ai pas tué Frank, ni les autres… Comprendraient-ils, tous, que nous en avions parlé, un jour ? Accord mutuel, accord contre la loi. Eva m'aurait aidé à mourir de la même manière, car nous en avions parlé.
Et lui… il ne sait pas. Je demeure immobile, les yeux plongés dans les siens. Qu'il parle, et que je mesure l'étendue de mon erreur.
Plutôt… de notre erreur.

"…me dire comment je dois réagir. Vous ne savez pas ce que j'ai vécu, vous ne pouvez pas comprendre ce que je cherche à cacher et à oublier. Vous n'êtes pas en droit de me juger, Anastasiah !"

Non, certes pas.
L'ai-je prétendu ? Jamais. En ai-je donné l'impression ? Pour lui, oui. Et ce qu'il me dit commence à entamer un calme que j'ai péniblement recouvré. L'espace d'un instant, je me surprends à désirer le repousser violemment, me dégager.
Evidemment, je m'en retiens. Inutile. Absurde.
Lui, de son côté, me vrille d'un regard sans ambiguïté. De la colère… Ma faute ? Je soutiens ce regard, silencieux. Je n'ai rien à dire. Nous sommes tellement différent l'un de l'autre que j'en viens à douter de la logique de notre dialogue. Il se lève, et je détourne le visage, fixant mon intention sur les objets reposant sur la table de chevet. La croix. La carte. Qui est cet homme ? Qui sont-ils ? Ce milieu m'est tellement étranger, désormais… Les années passées à saisir sur mon appareil les horreurs de la guerre m'ont amené à une façon de raisonner qui m'interdit désormais la compréhension de certaines choses. Les violences que l'on se fait, par exemple.

"Si ça m'amuse…" Non vraiment, nous sommes à des lieues de nous comprendre. Et je ne lui demanderai pas de m'expliciter "les cendres de ses bases". Je crains qu'il ne se méprenne sur moi, et que je me méprenne encore sur lui. Mais ce qui me fait mal, c'est la note nouvelle, dans sa voix. Et ce sentiment qui me souffle que je n'aurais pas dû.
"Pas dû."

Je cille. Le changement de langue m'intrigue. Quoi que… Passons. Il revient à l'Allemand, une fois de plus. Dire que je ne comptais parler que le Français, ce soir… Je relève le visage, ne m'inquiète même plus de sa tenue, seulement troublé par l'expression de son visage.
Que j'arrête. De réfléchir.

Silencieux, je me relève, me trouve debout face à lui. Tout au plus quelques centimètres d'écart. Je dois lever légèrement le menton, afin de pouvoir capter son regard. Un ange passe. Je le contemple en silence, masquant mon visage d'une quiétude nouvelle. Puis l'instant passe, je fais deux pas, lui tourne le dos, pose une main sur le cadre du lit.

"M'amuser"… "Supérieur"…

Je suis repassé au Français. Ma voix est encore légèrement tendue. Mais le silence tombe. Et lorsque je reprends la parole, elle a retrouvé toute sa douceur.

Est-ce vraiment cela que vous croyez ? Alors je préfère cesser de tenter de comprendre. Tout comme vous ne le pouvez pas.
Je me retourne, prends un peu de temps pour choisir mes mots. L'usage de cette langue peut me donner quelques difficultés, dans des situations bien particulières comme celle-ci.

Vous veux… voulez savoir comment je aurais réagi à ce que vous avez imaginé ? Mourir. Donc ne tenterai pas de parler plus de ce chose.

Je hausse légèrement les épaules, me retourne. Ma syntaxe était déplorable… Mais il faut dire que mon ton n'était pas très sûr non plus. Je sais mieux masquer mon sentiment dans ma langue. Mon regard dévie sur le côté, puis reviens sur lui. Je sens dans mon esprit fleurir une pensée qui, en fait, ne m'a pas quitté de la soirée.

Désolé pour le mot "enfant". Je le suis, mais le reconnais.

Je fais un pas, deux, hésite à peine. Je ne m'enquiers plus de savoir comment il risque de réagir. Il est trop tard pour ce genre de question. Avant qu'il n'ait pu faire un geste –se défendre ?- je pose ma main sur son épaule, la fait glisser sur sa nuque, et pose mes lèvres sur les siennes. J'ai agi vite… Pour me tromper moi-même. Empêcher ma conscience de me faire reculer. J'ai le plus grand mal à savoir ce que je pense de cela. Je sais simplement que c'était encore la solution la plus honorable qui me restait. Je tente d'oublier ce qui me rebute… d'instinct ? Non. Education ? Peut-être. Je ne sais pas. Je ne sais pas. J'essaie de me rappeler comment j'embrassais Eva, j'essaie oublier que ce n'est pas elle que j'embrasse. J'intensifie légèrement le contact, penchant plus le visage sur le côté, puis me détache. Si une chose demeure certaine, c'est que je ne dois pas avoir l'air extrêmement sûr de moi. Mais que voulez-vous ? Peut-on –doit-on- toujours avoir la maîtrise de la moindre parcelle de soi ? Je pose à nouveau mon regard sur lui, et parle, d'une voix radoucie au possible.

Comprenez que je ne supporte pas d'avoir agi en vain. J'ai promis. Ce soir, je suis venu. Mais il est encore temps pour moi de repasser cette porte. Auquel cas je peux vous promettre que vous n'entendrez plus jamais parler de moi.
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Pythagoras de la Flaam
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MessageSujet: Re: Cela, désormais, vous le savez.   Cela, désormais, vous le savez. Icon_minitimeMar 11 Mar - 17:08

Il se lève mais reste un moment entre le lit et moi. Nous nous mesurons du regard mais le mien est devenu vide, il n'exprime plus rien de spécial… Il n'est pas absent, juste indifférent. Il se détourne et je vais pour m'étendre dans le lit quand il commence à parler. Je me fige et l'écoute. Sa voix sonne étrangement quand il parle français. Il me tourne le dos et je le regarde avec attention, alors qu'il parle… Non, vraiment, nous ne nous comprenons pas… Je murmure en français :

"Je n'ai pas imaginé… Je l'ai vécu…"

Mais cela importe peu désormais. C'est terminé, non ? J'ai Stephen maintenant. J'ai mon amant, mon amour, mon avenir… Mon passé n'est qu'un champ dévasté que je dois oublier si je ne veux pas tuer mon père le jour de mon couronnement… Parce qu'il sera forcément là… Il dit un autre truc que je ne cherche pas particulièrement à comprendre et l'instant d'après ses lèvres sont posées sur les miennes. Je suis d'abord surpris puis je ferme les yeux, laisse ma langue dessiner sa bouche. Son bras est passé dans mon cou… Puis il s'écarte et je le regarde à nouveau. Un sourire triste sur le visage.

"Idiot…"

Comprendra-t-il ce mot prononcé dans ma langue maternelle ? Ca me fait tellement étrange de parler luxembourgeois ici… Je dois être le seul à connaître cette langue… Je glisse mes doigts dans ses cheveux. Et murmure en allemand :

"Ma langue maternelle n'est ni le français, ni l'allemand alors ne vous embêtez pas et parlons allemand…"

Silence.

Je me laisse tomber assis sur le lit en soupirant. Merde ! Ce simple baiser a suffit à rallumer la flamme, quel imbécile. Il a promis, mais c'est n'importe quoi ! Ne comprend-il pas ce que je veux ? Non, nous ne nous comprenons pas… Je soupire. Ma main passe sur mon visage puis je le regarde longuement. J'essaie de comprendre le sens de ses paroles. Il considère qu'il m'a donné sa parole et il veut la tenir. Mais pourquoi insister pour la tenir ce soir ? Je peux attendre… Je veux attendre qu'il soit prêt. Il parle de repartir, d'abandonner ce pour quoi il est venu… Je fini par comprendre… Du moins je le crois. Il me donne la possibilité de le chasser, de le laisser fuir… Il a peur.

Lentement, j'acquiesce puis je me laisse tomber sur le lit. Je me glisse entre les draps et ferme les yeux. Celui de mes bras qui est du côté du mur croise mon visage, barrant mon front, cachant mes paupières closes, les protégeant de la faible lumière du la lampe de chevet.

"Je ne veux pas que vous fassiez cela contre votre gré. Je veux que vous en ayez envie. Et ce n'est pas le cas alors j'attendrai. Vous avez pris perpet si je ne m'abuse. Je quitterai donc certainement Sadismus avant vous mais ça nous laisse pas mal de temps, non ? Si vous souhaitez revenir sur votre décision et quitter cette chambre en laissant ici ce qui vous a fait venir, faites le, je ne vous retiendrai pas. Si vous voulez tenir votre parole, venez vous coucher et acceptez de dormir dans le même lit que moi. Je ne vous demande rien d'autre ce soir."

Et je suis parfaitement sincère. Ma voix est très calme, son baiser m'a apaisé. En prendra-t-il seulement conscience. Je suis sérieux quand je dis que je veux juste dormir. S'il se couche près de moi, je vais le prendre dans me bras et je m'endormirai sans demander on reste. S'il part… il ne partira pas. Pourquoi en suis-je autant persuadé ? Je ne sais pas… Je n'ai pas envie qu'il parte. Je ne veux pas dormir seul. Pas ce soir. Pas cette nuit… Pas après cette conversation. Je sens que je vais mal dormir… Peut être vaut-il mieux que je dorme seul alors… Non, je ne veux pas… Je relève doucement mon bras et le regarde.

"Venez dormir, Anastasiah…"

J'hésite un instant et, me basant sur l'idée qu'il ne comprend pas la langue de ma mère, je conclue en luxembourgeois :

"Ne me laissez pas seul…"

Ma voix est suffisamment implorante et faible, pas besoin qu'il comprenne le sens des mots prononcés… Je ferme les yeux. Ne me laisse pas seul, je ne veux pas dormir seul avec tous ses souvenirs…


[HJ : j'ai envie de jouer la nuit, Pyth va faire des cauchemars ^^]
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MessageSujet: Re: Cela, désormais, vous le savez.   Cela, désormais, vous le savez. Icon_minitimeSam 22 Mar - 21:43

Tonalité.
Tout est question de… tonalité. L'homme impie peut voir dans le ciel le plus clair une infinité chaotique, menaçante, pour peu que sa croyance ne soit placée ni en lui, ni en l'autre. L'enfant peureux peut prendre le doux carcan de ses draps pour une prison étouffante, s'il fait trop noir, s'il fait trop chaud.
Mais le chien le plus misérable, le plus maltraité, peut trouver son éternité dans une unique caresse. Le cœur le plus esseulé peut jouir d'un Paradis sans nom en cueillant sur les lèvres d'un inconnu un infime sourire.
Tonalité. Qu'un rien change, du tout au tout.

Ce n'est pas tant le baiser que je lui ai donné. Ni la façon dont il me l'a rendu.
Mais sa réaction.
Il ne m'a pas repoussé… Honnêtement, c'était ce que j'envisageais. Non pas ce que je craignais. Ce que j'envisageais. Simplement.
Mais… Une simple conjecture peut-elle décider de la vie, ou de la mort d'un homme ?
"Ce que j'envisageais…" Tout est écrit. Tout est déjà écrit. Mais pas par un autre que moi. Je suis seul, seul à savoir ce qui vient de se jouer.


Imaginé ? Vécu ? Ai-je… bien entendu ? Un infime instant, mon visage se contracte. Surprise. Réflexion. Implications. La situation qu'il m'évoqua sur l'instant me semble si lointaine… Désincarnée, comme un songe… Ai-je seulement compris ce que j'ai cru comprendre ? Ai-je le droit de réfléchir plus avant à cette question ? Honneur. Pudeur. Gageure.

J'entrouvre légèrement les lèvres, sur le point de formuler une parole… quelque chose. Je ne sais. Mais c'est de lui, que vient la réplique. Cette fois, je peux aisément le comprendre. C'est peut-être un des mots qui se retrouve le plus facilement dans un certain nombre de langues… Etrange. N'y aurait-il qu'une seule façon d'être naïf ?
Mais l'insulte n'en est pas une. N'en est plus une. Quand je vous parlais de tonalité. Que c'est-il donc passé, de si profond, de si subtil, qui m'ait fait oublier peur, crainte, angoisse ?

Au fond, il n'est pas si compliqué de comprendre. Sa réaction était une forme de seuil. La tension d'avant a disparu. Je crois. Parce que je sais, maintenant. Je sais qu'il me reste encore un peu de temps…
Le sait-il ? Sait-il, que s'il m'avait repoussé, je serais allé mourir ?
Quelque part, je suis certain que cette décision est en moi depuis mon arrivée en prison. Ou plus exactement, depuis la mort d'Eva. Sans elle, il ne me restait plus qu'à finir mon œuvre de photographe. Plus précisément, à la peaufiner. Quelques photos, à peine, et un chapitre à achever, dans mon livre. S'il m'avait repoussé… Qu'importe ? Ce que j'ai déjà accompli aurait suffi. Mais comme il ne l'a pas fait, il me reste encore l'espoir de parachever mon œuvre. J'ai donc besoin d'encore un peu de temps. Et lorsque j'aurais achevé ceci…
Plus rien ne me retiendra. Loin d'Eva.

Je lève à nouveau les yeux. D'où vient donc ce sourire ? Je ne crois pas qu'il se moque de moi. Peut-être un peu, mais ce n'est pas important. J'acquiesce doucement, lorsqu'il émet sa suggestion… à propos des langues. Je suis un peu confus d'avoir maltraité de la sorte un Français que je maîtrise d'ordinaire. Il n'y a guère que le trouble pour me départir à ce point de ma concentration. Mon regard dévie légèrement, lorsque je sens sa main passer dans mes cheveux. Je pose les yeux sur son poignet, puis sur ma propre main, toujours posée sur sa nuque.
Le silence tombe.

Transition.
L'instant d'après, il est allongé, le bras me dissimulant ses yeux. Seul mon regard a suivi son mouvement. Mon corps, lui, n'a pas esquissé le moindre geste. Je ferme les yeux, sens comme une brûlure lorsque mes paupières se touchent. Et lorsque je les rouvre, je ne peux m'empêcher de noter la composition de ce que je vois. La lumière trop faible de la lampe s'attardant sur quelques mèches rouges. Le clair obscur sur la peau de l'homme qui me parle, d'un côté jaune moelleux, de l'autre, obscurité nette.
Que dit-il ?

Ah. C'est à mon tour de faire un choix. Non ? Etrange échange. Mais me propose une alternative qui n'en est pas une. Du moins, pas pour moi. Et j'avoue qui présente habilement les choses… "Tenir ma parole" ou "revenir sur ma décision"… Le choix n'est pas très dur. Je ne défais jamais ce que j'ai pu promettre.
Même si… Ai-je bien compris ? Oui. Il ne me demande pas, pour le moment, d'aller au bout de ma promesse. Mais comment doit-je me l'avouer ? L'idée de dormir avec lui me… est telle que… C'est à dire…
Produit quelque chose en moi d'assez indéfinissable pour que cela me déplaise.

Presque malgré moi, mon esprit s'attarde plus avant sur ses paroles, à propos de ma condamnation à perpétuité. Il est vrai que je n'avais jamais perçu les choses ainsi. Mais je ne compte pas lui révéler à quel point il se trompe. Ce ne sont là que mes affaires personnelles. Ma date, mon heure.
Mais il devra tout de même comprendre que je ne dispose pas de tout ce temps…

Revenons en aux faits. Etrangement, je ne me méfie pas de ses intentions. Que gagnerait-il à me tromper, en cet instant ? Il aura, un jour, ce pour quoi j'ai fais promesse. Quoique sa demande m'intrigue. Mon visage adopte une expression légèrement interrogatrice. De quoi a-t-il besoin, s'il me demande de partager son lit de la sorte ?
Sont-ce ces souvenirs ? Ces souvenirs que notre discussion à fait ressurgir ? Un cause de peine… J'en suis responsable… Je crois. Peut-être n'aurais-je pas dû. Mais je ne peux agir autrement. Vais-je continuer à le heurter, sans le vouloir ?

Son geste capte à nouveau son regard. Il parle, et mon nom dans sa bouche me fait toujours cette étrange impression. Je… Ces mots. Je… Je les connais. Mon cœur ce serre, et mon visage adopte une expression douloureuse, que je tente instantanément de maîtriser. Je ferme les yeux, et c'est Eva, que je vois, me tendant les bras, un peu à la façon d'une enfant.
"Viens dormir, An…"

Je fronce les sourcils. Il fait froid, soudainement. Si froid. Et moi, pourrais-je dormir seul, désormais ? Les dernières nuits que j'ai passées… n'en étaient pas vraiment. Ces jours derniers, j'ai à peine dormi. Sans elle à mes côté… J'avais trop froid.

Une voix bien réelle me ramène à la réalité. Dans une langue qui m'est si étrangère : la sienne. En cet seconde, j'étais tellement loin d'ici, que je n'ai pas pu faire la moindre analogie entre ces paroles, et mon Allemand maternel. Mais ce qu'il y avait dans sa voix… Etait assez clair.

Je baisse les yeux, détourne légèrement le visage. on choix est déjà fait. Il n'y a rien de plus sûr, de plus évident. Mais… Comment faire ? Jamais geste ne m'a paru si difficile a accomplir. Je me baisse, et pose les doigts sur les lacets de mes chaussures. Une fois pieds nus, je fais glisser ma main le long du fil de la lampe de chevet. Un déclic, et l'obscurité engloutit la pièce. Je ne perçois plus que nos deux respirations. Quelque chose, au fond de mon ventre, m'effraie, me dérange. Mais… il n'est plus temps.

Précautionneusement, je me glisse entre les draps, toujours en pantalon. Dernière pudeur. Le lit n'est pas large, et je me trouve instantanément forcé à un peau à peau si direct qu'il me fait paniquer. Je dois me faire fureur pour inhiber le moindre mouvement de recul. Et son odeur… Je n'ai jamais été si profondément plongé dans l'odeur d'un autre homme. C'est étrange. Non pas désagréable, mais dérangeant.
Mais je ne peux pas rester ainsi, en équilibre sur mon coude. Je tente de calmer un peu les battements frénétiques de mon cœur, et repose enfin mon visage sur le lit. J'entends son souffle. Proche. Timidement, presque, j'étends mon bras, le repose, sur son flanc. Je frissonne, me force à fermer les yeux.

Pardonnez-moi… Mais vous devez savoir que je ne me donne pas autant de temps que vous semblez le penser…

C'est dit. Un filet de voix, à peine un murmure, mais il m'a forcément entendu, vu l'absence de distance entre nous.
Ma respiration commence à se calmer. A ralentir, à prendre les allures du calme souffle du sommeil. Etais-je si fatigué ? Je crois… A la limite de l'inconscience, je formule à mi-voix un bref Pater Noster, en latin. Vieille habitude…
Il est tard…
Si tard.
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Pythagoras de la Flaam
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MessageSujet: Re: Cela, désormais, vous le savez.   Cela, désormais, vous le savez. Icon_minitimeMar 25 Mar - 17:21

A travers mes paupières closes, je vois la lumière s'éteindre. Il se glisse à mes côtés. Sa chaleur près de moi… Les battements de mon cœurs s'accélèrent, c'en est risible. Il pose son bras sur moi et un frisson me parcours. Je me tourne un peu et mon propre bras enserre ses épaules, le tien contre moi. Blotti. Mes doigts jouent dans ses mèches de cheveux nacrés. J'ai les yeux clos et je me sens déjà mieux. Somnolant, je flotte…

Un murmure me fait ouvrir brusquement les yeux. J'ai parfaitement senti le sens de ses paroles. Il fait trop sombre pour que je puisse capter son regard. D'ailleurs, il doit avoir fermé les yeux, je le sens se détendre dans mes bras. Comme s'il avait eu besoin de le dire, besoin que quelqu'un le sache… Il va se donner la mort… Il va rejoindre son amour… Pourrai-je survivre sans Stephen ? Je n'en suis pas certain… Je le serre un peu plus contre moi, comme pour le consoler, comme pour me consoler… et je ferme les yeux.

Rapidement, je m'endors.

Ne pars pas maintenant, reste avec moi cette nuit… Ne me quitte pas… Dans mes pensées, le visage du jeune homme est remplacé par celui de ma mère… Ma mère… Elle me sourit. Ne me quitte pas… Elle a l'air tellement triste. Tellement lasse… J'entends sa voix, son accent quand elle prononce mon nom, qu'elle me dit qu'elle m'aime… Ne me quitte pas… Maman… Maman… D'où vient ce sang ? Tout ce sang sur ton ventre… Maman ! Non ! Non ! Ne me quitte pas… Ne m'abandonne pas ! Nooooon ! Son visage se fane, devient transparent, s'éloigne… Et je cours. Je cours à en perdre haleine pour la rattraper mais elle m'échappe. Je ne suis qu'un enfant, un gamin, je ne suis pas endurant, si ce n'est aux coups de fouets… Je n'arrive pas à la rattraper…

Et d'un coup je trébuche… Non, je n'ai pas trébuché… On m'a plaqué face contre une table… J'entends un rire… Un rire qui raisonne dans mon esprit. Maman ! Maman où es-tu, j'ai peur… Maman… Ce rire… Ce rire… Je vois son visage. Son visage si cruel, si haineux… Mon père… Et mes vêtements me sont arrachés. Et il rit. La douleur… Mon dos me brûle. Je me roule en boule comme je l'ai toujours fait. Les bras devant le visage pour me protéger… J'ai mal. Le fouet claque mais je ne dis rien. Mon père rit. Où est Maman ? Pourquoi n'est-elle pas là ?

Et d'un coup tout devient noir. Tout disparaît. L'ombre de ma mère n'est plus là. Le rire de mon père s'est étouffé. Il ne reste que moi… Nu, ensanglanté… Moi et cette terrible douleur… Moi contre cette table… Moi et ce sexe qui me déchire les entrailles… Il n'y a plus rien d'autre… Et je vois mon frère. Mon frère qui est mort de maladie. Son cœur l'a abandonné tout comme ma mère est partie… J'ai mal et il me regarde… Je veux mourir. Je veux prendre sa place. Donnez moi sa place. Donnez lui ma vie et laissez moi mourir… Je cri ! Et le rire de mon père recommence, emplie mes oreilles…

Je suis mort… Sur ce sol, dans le noir. Il n'y a plus personne. Ils sont tous mort. Il n'y a plus un son, plus une lumière… Et tout d'un coup le feu… Je suis entouré par les flammes… le brûle, je suis détruit… Et je me relève. Je suis un adolescent. Je suis toujours écorché, à vif, ensanglanté, seul… Mais je suis debout… Mon père apparaît. Il me fait face et rit… Il se moque de moi… Brusquement, je me jette sur lui, je le déchiquète, je lui arrache la peau avec mes ongles, avec mes dents… Il y a du sang partout mais je ne me sens pas mieux pour autant. J'étouffe, je meurs… Je hurle…

Et Stephen me regarde… Il me regarde de haut… Avec mépris… J'ai tué son frère… J'ai tué… J'ai… Stephen… reste… Je t'en prie ne m'abandonne pas… Stephen… Il est déçu… Il me tourne le dos. Il s'en va… Je hurle… Je me débats. Non ! Non ! Non ! Je veux le rattraper mais je n'arrive pas à bouger, je suis incapable de me lever… Et il disparaît lui aussi…

J'ai l'uniforme des prisonniers. J'ai tué. J'ai tué mon frère. J'ai tué mon père… Ma mère est partie, elle m'a abandonnée. Elle est morte… Et Stephen me hait… Je veux mourir… Je veux mourir… Ne m'envoyez pas en prison. Tuez moi… Tuez moi… Ne me violez plus… Ne me touchez plus… Non ! Non ! Non ! Tuez moi…

Stephen !

Il est là. Face à moi. Il me regarde froidement. Il a une arme dans la main. Une arme… Il me vise… Stephen ! Sauve moi… Je t'en prie, sauve moi… Non ! Non, je ne t'ai pas trahit… Je n'aime que toi… Stephen !

Détonation…

"Nooon !! Stepheeeen, nooooon !!!"

Je m'accroche de toutes mes forces au corps entre mes bras. Je tremble, je suis couverts de sueur. Il fait noir. Où suis-je ?
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Anastasiah H. Von Stern
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MessageSujet: Re: Cela, désormais, vous le savez.   Cela, désormais, vous le savez. Icon_minitimeVen 18 Avr - 8:39

Quelle étrange chose que le sommeil… Il vous prend, là, sans annonce, sans menace, sans violence. C'est respiration, lente, si lente, barrière ténue de l'inconscience. Tout au plus, que c'est-il passé ? J'ai senti son bras m'étreindre, ses doigts jouer dans mes cheveux, son souffle laisser son invisible marque sur ma peau. Peut-être étais-je déjà entrain de dormir. Peut-être pas. Simplement, le sommeil avait déjà suffisamment prise sur moi pour bannir de mon esprit les vaines considérations de la seconde précédente.
Il fait chaud, et je me sens bien. Certes, cette éteinte ne m'est pas coutumière… La dernière fois que quelqu'un a pu me tenir dans ses bras de la sorte, j'étais enfant. Lorsque je câlinais Eva, c'était mes bras, autour de ses épaules, c'était la protection de mon corps, sur le sien, trésor fragile. Et là, maintenant… j'ai l'impression d'avoir changé de rôle. Mais cela n'est pas très important. Cela fait des jours, à la vérité, que je ne me suis pas senti aussi serein… Paradoxalement.

C'est un sommeil sans songe. Aussi neutre, mais aussi reposant qu'un ciel nocturne privé de ses astres par d'épais nuages. Un peu de calme, un peu de silence. Cette paix imprévue est la bienvenue, d'autant plus que l'aveu, ou même simplement l'expression de mes intentions semblent m'avoir ôté un poids de la poitrine… Etrange… Etrange douceur. De ce ciel épais, muet, absolu… Une lande céleste noire, chaude… Sans rien qui ne vienne, rien qui n'arrive… Jamais…

Un éclair.
Une voix, non, un cri. Une douleur, dans ma poitrine… Horrible douleur… Mon cœur.
Je…suis réveillé. Je viens de m'en rendre compte. J'ai un instant de flottement… qui a parlé ? Eva… Non. Eva est morte. Au Ciel. Elle n'a plus matière a crier. Qui…
Choc. La mémoire me revient, en même temps que ma douleur au cœur s'évanouit. Hier. Pythagoras. Son agacement. Sa main sur moi. Et finalement, l'apaisement.

…"Stephen" ?
Un mauvais rêve… Mauvais démon qui vous ment. L'esprit vaguement engourdi par le sommeil, j'éprouve de lointains remords… La discussion d'hier…celle que j'ai moi-même amorcée… Il est de ces choses qui blessent de telle manière les sensibles sujets qu'ils envahissent la demeure même de l'inconscient… Excusez-moi, Pythagoras…

La façon dont il s'accroche à moi commence à dissiper sérieusement les dernières brumes du sommeil. Il me fait mal. Mais ce n'est pas très important… J'ai envie de l'apaiser, mais je ne sais comment faire. Réparer un peu. Je tente de bouger les jambes… mais le drap m'entrave. Nous entrave. Je finis par me dégager du carcan de tissu, mais sans me défaire de l'étreinte de l'homme. Je libère simplement un de mes bras, et pose ma main sur son front. Brûlant.

Pythagoras…

Murmure. Je veux simplement lui rappeler où il est. Lui montrer que ce n'était pas la réalité… Juste un monstre, créé par sa crainte. Je ne sais pas en quoi il consistait, mais tout ce que je sais, c'est qu'il s'agissait d'un mauvais songe. Mes doigts descendent sur sa tempe, dégagent de son visage quelques mèches de cheveux. Ma respiration commence à se calmer. La douleur a disparu. Bien.

Un bruit, dans le couloir. Je me retourne à demi, constatant qu'un mince trait de lumière blanche vient d'apparaître sous la porte de la chambre. Des bruits de pas, quelques éclats de voix, puis le silence, à nouveau. La lumière, elle, ne disparaît pas.
Je me détourne, et pose à nouveau mon regard sur l'homme duquel je partage le lit. Le faible halo venant du couloir me permet de discerner le contour de ce qui nous entoure, mais pas plus. Je pose doucement une main sur la sienne, enserrant douloureusement mon bras.

Juste un rêve…

Ma gorge se noue légèrement. Quelles images ont bien pu le perturber à ce point ? Je me remémore notre discussion… Rebâtir une vie sur des cendres… Mânes de son passé ? Etrangement, je suis un peu triste. Troublé, par sa propre détresse. Mais je préfère ne pas en dire plus. Je ne veux pas commettre d'autres maladresses. Je sais seulement que je voudrais l'apaiser…
Mes doigts, posés sur sa main, en caressent lentement le dos, puis la détachent avec douceur de mon bras. Je fais de même avec son autre main, fermement accrochée à mon épaule. L'instant d'après, mes paumes retrouvent le contact des siennes. Je me saisis délicatement de ses mains, les joins l'une à l'autre, et les porte à mes lèvres.

Doucement…

Je finis par délaisser ses mains. Mes doigts remontent ses avant-bras, effleurent ses coudes, se stabilisent finalement. L'une demeure sur son épaule. L'autre reprend sa place tantôt abandonnée sur son visage. Etrangement, en cet instant, je me souviens des caresses qu'il avait tenté de me donner, il y a quelques jours. Les miennes, je pense, ne sont pas vraiment de la même espèce… Ou peut-être que si. Je veux le calmer, l'apaiser… Partager un peu de ce calme et de cette douceur qui me font. Mes doigts redessinent ses traits. Suivent la ligne des sourcils, parcourent sa joue, effleurent ses lèvres. Toujours avec une infinie, absolue, entière délicatesse.

Les rêves mentent en utilisant nos peurs… Ce n'était pas vrai… Doucement…

Ma main quitte son visage, descend sur son cou, effleure brièvement la ligne dure d'une clavicule, et passe dans son dos. Je suis un peu surpris de ce que je découvre… Dureté. Masculinité. C'est la première fois que je touche ainsi le dos d'un homme… Celui d'Eva était plus doux, plus tendre. Son dos à lui est bien plus marqué… Je découvre. Ma main s'attarde sur les omoplates, se perd le long de sa colonne vertébrale.

Puis-je faire quelque chose ?
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MessageSujet: Re: Cela, désormais, vous le savez.   Cela, désormais, vous le savez. Icon_minitimeJeu 24 Avr - 13:25

Tremblements, peur, larmes… Je suis dans le noir, effrayé, couvert de sueur. Je viens de me réveiller. Je le sais parce que mes yeux me piquent d'avoir été brusquement ouvert, mes muscles s'étirent… C'est un rêve, je le sais… Ce n'est pas réel. Stephen ne m'a pas rejeté, il ne m'a pas tué… Je le sais mais j'ai peur. Je sais que ce n'est pas sur ses bras que mes doigts se sont refermés. Ce n'est pas avec lui que je dors. Je l'ai trahit. Il va me repousser, me rejeter… Je tremble alors que ma poigne se resserre comme pour m'ancrer dans le monde réel.

Anastasiah !

Sa voix, douce et calme me parle. Je ferme les yeux, incapable de contrôler les larmes qui m'échappent. Sont elles encore liées à la douleur ? N'est-ce pas la soulagement, le retour à la réalité, le calme ? Ses doigts passent lentement sur mon visage alors que mes mains sont pétrifiées. Je dois lui faire mal, mais je suis incapable de desserrer mon emprise. Ma respiration ralentit lentement, aussi lentement que ses caresses évoluent sur mon visage. J'ouvre les yeux pour le regarder, j'ai besoin d'être rassuré.

Mais la lumière provenant du couloir me brûle. Je referme, puis ouvre à nouveau. Il s'est tourné, je vois son visage se découper dans l'ombre. Il est beau. Est-ce le sang noble qui lui donne cette finesse ? Je l'observe sans un mot, sans un geste. Mon cœur s'est lentement calmé. Vous m'avez tellement fait mal, Anastasiah, si vous saviez. Le Phénix renaît de ses cendres… Mais vous avez ranimé les cendres et, à nouveau, elles m'ont consumé. Je me consume dans mes souvenirs… Ce feu me détruit. Ce feu… Il se tourne de nouveau vers moi.

Il me regarde mais je ne suis pas certain qu'il me voit. Ses doigts se posent délicatement sur ma main pour me faire lâcher prise. Je me forcé à me détendre et le laisse faire. Je sens comme des engourdissements, j'ai du serrer fort, je l'ai blessé. Je ne voulais pourtant pas lui faire de mal… Je suis un monstre, n'est-ce pas ? Un monstre, qu'on rejette, qu'on tue, qu'on abandonne… Mes larmes coulent à nouveau dans le noir. Ses paroles douces tentent de m'apaiser alors que je brûle de l'intérieur. J'ai mal, je souffre… Je souffre…

Ses lèvres se posent sur mes doigts. Je tremble. Ses paroles sont rassurantes. Je brûle. Ses caresses sont tellement tendre. Je suis détruit. Je pleure. Je ne suis plus rien. Mes yeux sont clos. Mes mains jointes reposent près de son visage, là où il les a abandonnées. Plus rien d'autre n'existe. Ses doigts remontent le long de mes bras, viennent sur mon visage… Frisson. Elles partent dans mon dos. Je me crispe. Il a du les sentir sur mes bras. Il ne peut pas les manquer dans mon dos… Pourtant que ne bouge pas, je le laisse faire… Les coups de fouet de mon père claquent dans mon esprit et chacune de mes cicatrices me fait mal comme si elle venait de s'ouvrir. Je n'en peux plus de ce combat. J'ai besoin de douceur, d'amour, de repos…

Ses gestes doux et calmes me rassurent, me donnent cet oasis dont j'ai besoin, cet air qui me manque. Je m'abandonne. Un frisson me parcoure encore. J'ai aimé sa main sur mon visage. Quand il a touché mes lèvres puis quand il descendu dans mon cou… Et voilà qu'il explore l'étendue tatouée qui me bariole… Et il me demande s'il peut faire quelque chose. Lentement, l'un de mes mains se lève. J'ai les yeux clos mais cela ne change rien, nous sommes dans le noir. Et puis je sais à quelle distance il est de moi. Mes doigts se posent lentement sur sa joue, la caresse tendrement. L'un d'eux dessine ses lèvres. Je murmure :

"Continuez…"

Oui, je veux qu'il me touche encore. J'ai envie de le toucher aussi, mais je vais me retenir. Je glisse mes doigts dans ses cheveux, tombe dans sa nuque, la contourne… J'aime bien ce creux au niveau du cou, juste au dessus de la clavicule. Les muscles de son bras sont fins mais tout de même présent. J'arrive jusqu'à celle de ses mains qui est encore posée sur mon bras et je m'en saisi. Je la tiens entre mes doigts. Reste avec moi. Soit mien…

Il m'a demandé pourquoi j'agissais ainsi, mais comment lui expliquer ? Le sexe est ma libération. Mes souvenirs me consument de manière tellement douloureuse. Je n'ai trouvé que ça, ça me brûle, me consume aussi… Mais de manière nettement plus agréable. Le sexe est ma sortie de secours, mon échappatoire… Se rend-il seulement compte de ce que ses gestes peuvent être érotiques à mes yeux ?

Je m'abandonne entre ses doigts. Il peut faire de moi à peu près n'importe quoi là… A peu près…
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Anastasiah H. Von Stern
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MessageSujet: Re: Cela, désormais, vous le savez.   Cela, désormais, vous le savez. Icon_minitimeLun 2 Juin - 13:35

Des larmes dans le noir.
Le silence est presque là.
Sous mes doigts, chaleur…

"Continuer…"

L'ultime syllabe du mot s'attarde presque insensiblement… Interrogation. Bien vite avalée par la compréhension du sens, du mot, du geste. De lui, de moi. Je me rends compte que jusqu'à maintenant, mes paumes sur sa peau m'étaient presque naturelles, normales… Nécessaires.
Ce seul mot a donné à ce fait le sens qu'il méritait.
Continuer, poursuivre ce que j'ai entamé, plus ou moins consciemment. Je le savais, en sentant ces cicatrices, ces larmes, ces choses. Et maintenant, j'assume ce que j'avais cru comprendre.
Cette peine me fait mal.
Mal.

Il a pris ma main dans la sienne. Elle est chaude. Je frémis. Ce genre de contact est… étrange. Etrangement familier. J'ai toujours été sensible à ce simple geste… mêler ses doigts à ceux d'un, ou d'une autre. Si merveilleusement complétif qu'il semblerait que Dieu ne nous ait donné des mains que pour les unir. Même si en réalité, elles sont toujours le siège de nos choix. Qui enlacera, qui frappera, qui dessinera, qui fumera. Elles garderont mémoire. Toujours. C'est peu dire du degré d'intimité qu'implique le geste qu'il vient de faire.
Cela m'a plus touché que toute autre chose. Que tout autre effleurement.
Touché.

Je sais qu'il n'a pas consciemment désiré susciter ma pitié. S'il m'a touché, c'est très certainement du fait de ce qui vient de se passer. De ma partielle responsabilité de l'état où il se trouve… Je ne connais pas son histoire, je ne sais rien de ce qui pousse cette souffrance à sortir. J'étais là. Au moment, à l'endroit.
Je ne veux, et ne peux… qu'une chose.
Ma main passe dans ses cheveux, glisse à nouveau dans son dos. Mais cette fois, je ne l'explore, ne le cherche pas. Je le trouve. Délicatement, je l'attire à moi, le tiens tout contre moi. De la même façon qu'il me tenait blotti contre lui, lorsque nous nous étions endormis. Je ne sais pas s'il apprécie… Comment dire ? J'ai plus la sensation qu'il est de ce genre d'homme qui préfère serrer que d'être serré… Ou plus précisément, que ce dernier droit n'appartient –ne doit appartenir- qu'à une unique personne.

"C'est une parenthèse…"

Une exception, donc ?
…Je… Je ne sais pas. Si je fais cela, c'est pour une raison précise. Je ne peux supporter de le voir… le voir souffrir. Peut-être à cause de moi. Je n'aime pas réfléchir à outrance dans ce genre de cas. Je fais ce qui me paraît bon, voilà tout. J'aimerait qu'il parle plus, pour comprendre, mais j'ai peur d'aggraver les choses…
Mes doigts effleurent pensivement sa tempe, écartent une mèche de cheveux. Ma main s'attarde sur sa joue. J'ai envie. Envie de redessiner ce visage, et de le rassurer, et de découvrir, et de l'apaiser.
Je sens son souffle sur ma gorge. Troublant. Je frissonne. Pourquoi ? Je fronce les sourcils, passe la main devant mes yeux, comme pour en chasser quelque pensée parasite.
Mais un autre élément me…perturbe.
J'ai chaud.

Rougissant dans l'obscurité, je le repousse. Un peu rapidement, mais sans violence. J'ai un instant de latence, assis, le souffle court, perdu que je suis dans ce qui vient de me submerger… dans ce qui vient de me vaincre. Encore la peur. Celle de trahir. Celle de mal faire. De ne pas me respecter.
Mais.
Ne me souviendrais-je pas de mes raison ? Bien sûr, il y a l'échange du début. Ma vie, mon œuvre, mon sang. Mais il y a cette autre chose. Ce lien que j'ai désormais avec lui. De ces attaches qui se créent sans que l'on s'en rende vraiment compte, mais qui ne souffrent pas de ne pas être respectées.
Et que dire de ce troisième…élément.
Stop.

"Pardon… Vous me raconterez ?"

S'il arrive à me suivre, j'embrasserai mon Ange. Il y a trop de choses dans ma tête, trop de choses dans cette pièces. Je ne me suis pas moi-même. Je voudrais savoir. Savoir quoi ? Tout cela. A tâtons, j'allume la lampe de chevet. Une lumière molle tâche le lit, nous tâche. Je me retourne, pose un regard légèrement… déstabilisé…sur lui. Il y a des traînées sombres, sur ses joues. Ses yeux sont encore brillants.
C'est une parenthèse. Pour lui, pour moi.
Mon regard tombe sur mon pantalon, froissé. Sur mon bras droit, le pli d'un drap. Je tente vainement de dégager les cheveux qui retombent anarchiquement sur mes yeux.
Latence.

"Je continue."

Transition.
Mes mains sont sur ses épaules, mes genoux de part et d'autre de ses hanches. Mes yeux dans les siens, en silence. Je le regarde. Doucement. Calmement. J'aimerais lui transmettre cette paix qu'il peut y avoir en moi. J'aimerais vraiment. Je ne crains plus ses réactions. Mes doigts glissent lentement, le long de ses bras. J'effleure ses poignets, me saisis de ses mains.
Et les place sur ma propre taille.
Mon alliance lui faiblement.
C'est ce que je considère comme juste.
C'est ce que je choisis.

Je l'embrasse.

[Fin du topic, sauf si souriante possibilité.]
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